Planète folle

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mercredi 7 mars 2012

Endives et concurrence

C'est pas rien de cultiver des endives. Ça me tente quand même un peu, mais c'est pas mal de tintouin. D'abord semer des chicorées, pas n'importe lesquelles, ya des variétés plus adaptées que d'autres. Puis, à l'automne, arracher les plants, couper les feuilles à un centimètre de leur base, ranger verticalement les racines dans une cagette, qu'elles soient assez serrées sans trop se toucher pour pas risquer la pourriture. Couvrir de terre. Mettre en cave pour l'hiver.

Les feuilles coupées repoussent de la base, mais comme elles sont à l'abri de la lumière, elles restent pâlottes. Pâles comme des endives. Tout l'hiver, au moment où les légumes sont rares, vous pourrez vous en régaler. Autrefois, les endives étaient amères, il fallait ôter un petit cône à la base et saupoudrer d'un peu de sucre pour atténuer une amertume excessive. Ce n'est plus le cas. A mon avis, "ils" ont trop bien réussi, j'aimais bien dans l'endive un petit reste d'amertume. En général, c'est une saveur que j'apprécie, salades de pissenlits, infusions de camomille, apéritif à la gentiane, pamplemousses (eux aussi sont devenus fades à mon goût), et je suis toujours étonnée que certaines personnes, pas seulement les enfants, détestent ça.

Ce matin, au réveil, sur France Info, j'entends un producteur d'endives se désoler: lui et une dizaine de ses collègues viennent d'être condamnés à une amende de 3,6 millions d'euros. Une histoire qui vaut son pesant de moutarde d'endives. Imaginez qu'on leur disait que s'ils n'arrivaient pas à vivre de leur production, ma foi, c'est qu'ils se débrouillaient mal, zavaient qu'à s'organiser. Bon sang, mais c'est bien sûr! si les paysans qui nourrissent le monde ne sont pas fichus de se nourrir eux-même, les maladroits, c'est bien la preuve qu'ils sont nuls de chez nuls, non mais? Quand il y a tant de gens qui se font plus d'un million par an en se contentant de toucher des jetons de présence ou de courir après une ba-balle, faut être niais pour pas être riche.

Il est pas content, le producteur. Ils se sont "organisés", comme on les en sommait. Malgré ça, ils n'ont pas empêché le cours de l'endive (du kilo) de passer... ah zut, j'ai oublié les chiffres: c'était moins d'un euro au départ, et ça baissait d'environ 10 centimes chaque année, c'était tombé autour de 0,80 euros. Quel plaisantin, celui là! 80 centimes le kilo d'endives, il a vu ça où? Pas dans mon supermarché préféré, en tous cas, et je veux bien parier que même dans les discount, hein... Pour se tirer un salaire, une fois enlevés les frais, faut en sortir, des endives à moins d'un euro.

Ben ce qu'on leur reproche, c'est d'avoir essayé, seulement essayé, de s'entendre entre eux sur un prix de vente minimum. Zont même pas réussi à enrayer la dégringolade. L'Autorité de la Concurrence qui les condamne à une amende qu'elle juge modérée estime que finalement, si les faits sont "graves", leur impact sur le prix des endives payé par le consommateur a été limité « dans la mesure où la grande distribution bénéficie d'une puissance d'achat telle qu'elle a pu exercer une pression à la baisse sur les prix »

Vous avez bien compris? La "puissance d'achat" de la grande distribution, on se pose même pas la question de sa légitimité. Créer d'énormes centrales d'achat qui dictent les prix aux producteurs n'est en rien une entrave à la libre concurrence. Par contre, de la part des producteurs, tenter (sans y parvenir) de s'organiser pour résister à ce bulldozer, ça c'est indigne, c'est déloyal, c'est une grave atteinte à la désormais fameuse "concurrence libre et non faussée", que je nomme pour ma part "concurrence librement faussée" (par ceux qui en ont les moyens).

Ah, j'oubliais: l'endive est un des rares légumes à contenir du sélénium en quantité importante. Protecteur, semble-t-il, contre certains cancers... mais toxique si on abuse.

dimanche 18 décembre 2011

Mille milliards de mille sabords

Ma parole, mais d'où ils les sortent, tous ces milliards?

Le Yéti vous l'explique: de nulle part, ils n'existent pas. Ah bon?