La maison d'à côté

Hanoi est un immense chantier. Partout, de nouvelles constructions, partout des briques entreposées, des bâches de couverture, une activité permanente. Pour construire à Hanoi, pas besoin d'une très grande surface. Les maisons sont à touche-touche, une largeur de trois mètres sur la rue est classique, la maison peut alors être plus ou moins longue, plus ou moins haute. Une longueur de dix mètres n'est pas exceptionnelle, mais on peut aussi se contenter de beaucoup moins. Les hauteurs sont très variables, de deux niveaux à six ou sept, mais elles ont tendance à s'accroître sous la pression immobilière qui est ici énorme.

Aussi avons-nous été très attentifs, lors de la location de notre appartement, aux maisons environnantes: tout est construit autour de nous, à priori nous étions protégés contre les nuisances d'un éventuel chantier.

A priori.

Mardi soir, en rentrant de notre superbe journée sur le Fleuve Rouge, nous avons retrouvé notre allée pleine de gravats et de blocs de pierre: le café voisin était enveloppé de bâches tricolores de très mauvais augure et il avait commencé sa mue. Coups de masse pour faire tomber les briques, marteaux piqueurs contre le béton. Les bâches protégeaient très vaguement les voisins et le trottoir des chutes de pierre et de l'invasion de la poussière. On pensait que tout allait s'arrêter à la tombée de la nuit, mais quand on les a vus allumer les projecteurs on a compris que c'était pas gagné.

Il fallait en effet déblayer les gravats, et les gros camions circulent généralement de nuit. Les ouvriers, en bas, étaient cinq ou six. Un ou deux remplissaient les seaux, celui qui les transportait rajoutait deux ou trois gros blocs avant que le collègue l'aide à mettre le seau sur l'épaule, et rebelote, remplissage à la pelle avec les petits gravats, rajout de quelques gros blocs pour faire bon poids, transport à dos d'homme vers le camion. Ce qui faisait vraiment du bruit, c'était la chute des matériaux dans le camion. La première fois j'ai eu peur, j'ai cru à une chute de pierre accidentelle. Sur notre moto, peut-être? Mais non, tout se passait bien et d'ailleurs à mesure que le camion se remplissait le bruit résonnait moins.

Trois jours après, place nette. Il ne reste que les piliers de la devanture et la grille extérieure. Une nouvelle maison va remplacer l'ancienne. Rien de surprenant, l'appartement que nous habitons était lui-même une terrasse (les balustrades en sont encore visibles), et l'étage des chambres a été rajouté en plus.

Plusieurs fois par jour, nous nous penchons rêveusement, de notre balcon, vers le minuscule espace libéré, prenant mentalement des mesures. Quatre niveaux, nous a-t-on dit. C'est moins que quatre étages, ils comptent le rez de chaussée comme un « niveau ». On est au cinquième et sixième niveaux, mais les fenêtres des étages inférieurs, déjà peu nombreuses, vont désormais s'ouvrir sur une cour (un puits) de moins de 2 mètres carrés. Et nous, on pourra faire la causette avec les voisins depuis notre balcon.

Ainsi, d'étages en étages, Hanoi accroît sa hauteur moyenne. Et rentabilise ses mètres carrés.

Commentaires

1. Le samedi 19 avril 2008, 11:43 par vieil anar

Bonjour, bonsoir mc, ça a l'air en pleine activité, cette bonne ville de Hanoï!! T'as des photos de la ballade sur le Fleuve Rouge ?

Sinon, dis-moi, j'ai entendu, que le Vietnam avait fermé ses frontières à l'exportation de riz, pour éviter la pénurie, si c'est vrai ,ce serait une mesure plutôt sage!! A bientôt.

2. Le lundi 21 avril 2008, 06:10 par cutive ton jardin

Me parle pas de photos, mon appareil est victime d'un sortilège obstiné.

Pour la question des exportations de riz, les infos que je pêche ici ou là sont contradictoires...mais ce serait bien sûr une bonne idée. La viande a doublé de prix depuis le Têt (deux mois) les légumes semblent augmenter aussi, alors si le riz s'y met ça va devenir dur...