Cours de cuisine, à vos fourneaux!

Je vous ai déjà parlé de Van, notre jeune amie vietnamienne. Nous avons toujours beaucoup de plaisir à la rencontrer et à bavarder avec elle, nous allons ensemble voir des films ou écouter des concerts à l'Espace Français. Elle nous est, de plus, très précieuse comme interprète et comme conseillère. C'est avec elle que nous avons acheté notre minimum vital de vaisselle, elle nous a conduit vers le bon marché, a déniché sur ce marché le stand de vaisselle typique, nous a trouvé la boutique pour les poêles à frire, le cuit-vapeur et tutti quanti, a négocié les prix pour nous, nous a aidés à ramener notre bazar en installant tout ça sur nos deux motos. Dans le lot, il y avait un porte-manteau, c'est elle qui s'en est chargée, trop acrobatique pour nous...

Grâce à elle, j'ai fait mes premiers pas en cuisine locale. Nous avions fait le marché ensemble (mais pourquoi diable les mangues que j'ai payées 40000 dongs le kilo ne coûtent avec elle que 15000?), elle avait obtenu de la marchande d'aubergines une recette sympa, pour laquelle elle m'avait aidée à trouver les ingrédients, j'étais toute fière le soir de cuisiner mon premier plat vietnamien. Ensuite, j'ai pas vraiment récidivé.

Il a fallu qu'elle vienne chez moi pour me donner l'audace de recommencer. Nous pensions manger au restaurant, mais elle me propose d'aller plutôt faire les courses, pourquoi pas? C'est l'occasion d'apprendre à faire les feuilles de chou farcies. Nous voilà parties sur sa moto. Elle discute un peu avec le gardien, pour savoir où trouver un marché, nous sommes dimanche après midi. D'abord, elle se perd un peu (ce n'est pas son quartier), puis on traverse le boulevard, mais là où on arrive toutes les boutiques sont fermées. Demi tour. Finalement voilà un assez important marché de rue.

Les vietnamiens font leurs courses sans descendre de moto, une performance! On marque l'arrêt devant la marchande de viande de porc, elle hésite entre deux morceaux, un plutôt maigre, l'autre assez entrelardé, elle choisit le maigre. La vendeuse le découpe grossièrement, puis le passe dans un hachoir à manivelle, un petit sac plastique vivement noué, 200 à 300 grammes, 35000 dongs, et voilà le travail. Pas cher pour moi, mais il paraît que le prix de la viande a doublé depuis le Têt (en deux mois), et ça pose un vrai problème aux vietnamiens qui n'en mangent déjà pas beaucoup.

Il nous faut un chou, le voilà. Elle cherche un poisson pour la soupe, ils sont bien vivants, dans des bassines pleines d'eau, c'est la meilleure garantie de fraîcheur. Mais ils sont tous très gros. Trop. Finalement nous renoncerons au poisson pour nous contenter d'une soupe de légumes et tofu. Un chou-rave, une christophine (su-su), deux tomates, des carottes il m'en reste, de l'ail (ce n'est pas de l'ail, il s'agit de tiges vertes tubulaires qui évoquent plutôt la ciboulette, ou de jeunes oignons n'ayant pas encore formé leur bulbe). On n'oublie pas le tofu. Il nous faudrait du poivre mais c'est un marché de produits frais, nous trouverons peut-être le poivre à l'épicerie en face de chez moi.

Et nous revoilà parties. Pas de poivre non plus à l'épicerie, le restaurant d'à côté nous dépanne: un minuscule sachet de plastique avec quelques grammes de poivre, et hop, retour vers la cuisine. .

Je manque un peu d'ustensiles, mais on se débrouille quand même. Elle fait le chef, et moi le marmiton. Christophe joue du piano. Ambiance.

Pétrir la viande hachée avec le sel, le poivre et une partie de l'ail-oignon-ciboulette (?) coupé très fin.

Dépiauter le chou, cuire les feuilles quelques minutes à l'eau bouillante, les passer ensuite à l'eau froide pour qu'elles soient souples tout en restant solides.

Envelopper dans chaque feuille de chou une cuillerée de viande pour faire de petits rouleaux (même principe que les nems).

Ranger soigneusement ces petits rouleaux dans le panier d'un cuit-vapeur. 30 minutes de cuisson.

C'est le moment de s'occuper de la soupe.

Avec tomate, christophine, chou-rave, carottes on fait des petits cubes que l'on fait revenir dans un peu d'huile avant d'ajouter l'eau. Les plaquettes de tofu sont coupées en petits rectangles, et frits dans un peu d'huile. On les rajoutera à la soupe au dernier moment, avec le reste des tiges de... ciboulette. J'ai tranché en faveur de la ciboulette, parce que c'est ce que vous trouverez le plus facilement en France, mais si vous venez d'éclaircir votre semis d'oignons, je pense que ça ira bien aussi.

On peut, pour parfaire le plat, faire dorer dans un peu d'huile les feuilles de choux farcies, mais ce n'est pas obligatoire.

A table, les enfants! En guise d'apéro, vin du Chili, pas mauvais, ma foi, n'en déplaise à Dupont-Lajoie.

C'est la fête. Tout d'un coup, Van ouvre de grands yeux, on a oublié le riz! Elle a oublié le riz!

A fréquenter des français, voilà ce qui arrive...

Commentaires

1. Le lundi 28 avril 2008, 11:11 par Ga(i)elle

Mmmmmh mais c'est que ça donne faim et que ça a l'air facile ! Qu'est-ce que c'est, de la christophine au joli nom ?

Ben moi hier j'ai mangé du magret de canard au barbecue avec des haricots blancs sur la table de jardin de mes parents... c'était pas mal aussi ! Premier jour où l'on mange dehors (faut dire qu'en appartement, bon...), et aujourd'hui il pleut comme génisse qui pisse (oui c'est moins qu'une vache). Les aléas du printemps !

2. Le lundi 28 avril 2008, 15:13 par ko

Oh oui, ça donne envie, et moi, gourmande que je suis, et amoureuse des subtilités de la cuisine indochinoise, je voudrais bien encore plus de détails ! L'huile, c'est de quoi ? les épices, il y en a eu, en plus du poivre ? Et le riz, vous en avez fait, finalement ? ;-))

Miam.

3. Le mardi 29 avril 2008, 09:45 par Ga(i)elle

... si tu réponds pas on se laisse dépérir, attention ! *boude*

;o)

4. Le mardi 29 avril 2008, 10:55 par cutive ton jardin

@ Ga(i)elle:

Chrystophine, en fait, j'ai fait une faute d'orthographe. Ici, ils appellent ça su-su, ailleurs, chou-chou ou chayotte. Famille des courges, ils les consomment assez petites (ovale, 6cm sur 10).

Comme au Vietnam on mange tout, ils cuisinent aussi les extrémités des pousses, mais pour les éplucher, c'est un vrai boulot de vietnamienne (long et fastidieux).

Et ils les font souvent pousser sur des pergolas dans la cour des maisons, pour ombrager.

Trois en un.

5. Le mardi 29 avril 2008, 11:07 par cutive ton jardin

@ ko:

Je suis pas encore calée en épices vietnamiennes, là, yen avait pas.

Les épices les plus fréquentes: citronnelle, gingembre, piment, plus des que je connais pas.

Surtout, il y a les nombreuses herbes fraîches qui accompagnent souvent les plats ou qu'on met à cuire quelques secondes dans les soupes: menthe, basilic, coriandre, mais aussi plein d'autres trucs inconnus chez nous. Une qui a un goût d'anis, une autre qui ressemble à de l'ortie, mais kipicpa, avec l'envers des feuilles grenat. Et plein d'autres.

6. Le mardi 29 avril 2008, 11:11 par cutive ton jardin

@ Ga(i)elle:

Moi aussi, je boude, si tu essaies de me filer la nostalgie du pays natal. Parce que le canard, ici, ils le coupent en morceaux tout petits et bien cuits, comme toutes les viandes. Ca a son charme, bien sûr, mais rien à voir avec un magret à peine cuit et bien juteux.

7. Le mardi 29 avril 2008, 15:15 par Ga(i)elle

Bon d'accord j'arrête, c'est juste pour dire que ya pas qu'toi qui mange des trucs bon ! (et encore, le canard était un peu trop cuit, mon Papa débute en magret-barbeuc)

Tu peux pas acheter un magret entier et le cuire comme tu veux ? Bon je note dans ma liste des trucs à t'envoyer : 1/ farine complète bio moulue jesaispluscomment 2/ magret de canard ...

J'ai découvert dans un restaurant laotien Porte d'Ivry le canard rôti et sucré (j'ai oublié le nom exact, juste gardé l'impression), c'était... pfouh ! mieux que ça.

8. Le mardi 29 avril 2008, 18:13 par Christine

@Gai(i)elle : ajoute filtres à café à ta liste ;-))

9. Le mercredi 30 avril 2008, 10:02 par ko

... et fromages au lait cru !! ;-))

(sauf qu'ils ne tiendraient pas deux jours dans la chaleur moite de là-bas...)

Merci pour les détails, mc ! et excuse-nous de te faire saliver... Moi, c'est en pensant aux merveilleuses soupes pleines d'ingrédients inconnus et de saveurs subtiles que je salive...

10. Le jeudi 1 mai 2008, 17:55 par cutive ton jardin

On avait rapporté des fromages à des amis, ils ont effectivement pas tenu deux jours :-D