Promenade (presque) verte dans Hanoi

Dimanche matin, accalmie! on voit même le soleil pointer le bout de son nez, un pti bout de nez bien pâlichon il est vrai. On se tâte un peu, on suppute nos chances, ça va durer, oui, non, peut être... Puis on décide de sortir.

Marcher à pied dans Hanoi, c'est pas vraiment rigolo, d'ailleurs les Hanoiens s'en abstiennent, ils font même leur marché en moto, se faufilant à travers les étals, c'est dire. Mais, en choisissant bien son itinéraire, ça peut ne pas être franchement désagréable.

Sur la jetée qui sépare hô Truc Bach, le lac de la soie, de hô Tây, le grand lac de l'ouest, il y a une pagode vraiment sympa. Non que j'aime beaucoup les pagodes, je suis un peu allergique à tout ce qui me rappelle de près ou de loin une religion, mais celle là est vraiment une enclave de nature. Quelques bâtiments, bien sûr, mais surtout des jardins, et l'eau de tous côtés, paisible et rêveuse.

Mais c'est ailleurs que nous irons aujourd'hui. Le mausolée de Hô Chi Minh n'est pas très loin. Il suffit de suivre, sur la prolongation de la jetée vers le sud, les petits parcs et jardins qui se succèdent. Quelques rues à traverser, quand même, pour quelques minutes de calme. Le magnifique et immense parc qui entoure les différents lieux à la gloire de Hô Chi Minh est assez règlementé dans ses accès. Un premier portail nous attire, nous essayons de comprendre l'interdit en vietnamien, mais le policier qui est à dix pas nous en ôte l'envie: "Vê, vê". Le geste qui accompagne est très clair, pas question de discuter. Nous nous éloignons prudemment du portail suivant, pourvu de la même inscription. Mais plus loin sur la très large avenue qui borde le parc, pas de doute, c'est bien un troupeau de touristes. Suivre le flot.

A droite, et encore à droite, on pénètre dans le parc. 15 000 dongs l'entrée, étrangement les touristes étrangers et les touristes vietnamiens sont invités à se scinder pour le contrôle des billets mais se retrouvent ensuite. Des arbres géants, plantés quand? Une pièce d'eau avec d'énormes poissons rouges. Pour essayer de se dégager un peu de la foule, on fait quelques pas dans le parc. Mais très vite, une pancarte, "no trespassing", un policier, demi tour. La petite file de fourmis touristiques est bien canalisée. On passe d'abord devant la maison que Hô Chi Minh habita de 1954 à 1958. Un bâtiment bas parmi d'autres, d'apparence coloniale, peints en ocre jaune. Portes et fenêtres ouvertes, mais on n'entre pas. Un bureau, une chambre. On passe devant, on regarde, direction l'autre maison, celle qu'il se fit construire en 1958 et qu'il habita je crois jusqu'à sa mort. Une maison en bois sur pilotis, assez classique maison montagnarde. L'espace sous la maison est occupé par ce qui ressemble à un salon en plein air. En bas de l'escalier, un policier "armé" d'un mégaphone et d'un sifflet veille à la bonne ordonnance de la visite. Monter l'escalier de bois, passer sur la galerie qui donne, comme dans l'autre maison, sur une chambre et un bureau, redescendre de l'autre côté. La suite est classique, boutiques pour touristes, et boutiques pour touristes.

Un peu triste, je suis. Il y a au moins un lieu dans Hanoi où le joyeux désordre vietnamien a été vaincu. Quant au mausolée, où des files d'attentes se forment chaque matin, il est fermé. Je n'ai d'ailleurs aucune envie d'aller voir la momie de celui qui nous fit rêver jadis, pour moi il reste vivant et je ne suis pas sûre qu'il aurait aimé tout cela. Une idée baroque me vient, cette blague qui prétend que les étasuniens ont mis la statue de la liberté sur une île pour pas qu'elle s'évade. Pourquoi ont-ils enfermé Hô Chi Minh dans un aussi monumental et maléfique cube de béton?