Des pommes, des poires et des tomates vertes

La fermière chez qui nous passons chaque semaine prendre des oeufs et du fromage blanc nous donne souvent, à l'automne, une cagette de pommes tombées. Pour la compote, dit-elle. En vrai, ces pommes sont délicieuses à croquer, sucrées à point et acidulées juste comme il faut, mais pas très présentables. Un peu habitées, un peu tapées, on a pas envie de mordre dedans sans précautions. Et puis, il y en a beaucoup et elles se conservent mal. Donc, compote. Ou plutôt, pourquoi pas, chutney. Parce que bien sûr (voir les billets précédents) il y a aussi les tomates vertes.

J'avais fait un premier chutney, occidentalisé bien sûr, assez loin des recettes originales, c'est ça le mélange des cultures. Trois cents grammes de tomates vertes complétées d'une ou deux pommes. Pour tester mes capacités, mais surtout les réactions de mon entourage. Parce que plein de pots que personne veut manger, hein, bon...

Premier succès, ils (mon homme et un de mes fils, provisoirement présent) ils aiment ça, donc. Trop de gingembre, dit l'un. Pas assez, dit l'autre. Mazette, ça commence bien! Bah, on va faire une bassine avec moins de gingembre, et une autre avec plus. Première bassine, deux kilos de tomates vertes, un de pommes, un demi litre de vinaigre, 250 grammes de sucre. Et le gingembre. De la moutarde aussi. Un petit piment, tout petit, on est pas des indiens. J'ai dû oublier des trucs, mais vous trouverez plein de recettes sur le net, la mienne vient d'un vieux bouquin de Terre Vivante, "Les conserves naturelles des quatre saisons".

Seconde bassine, j'ai découvert quelques poires dans la cagette de pommes. On va donc, pourquoi pas, rajouter des poires. Et puis on va raffiner, traduisez suivre la recette au lieu de mettre tout en vrac dans la bassine. Pendant que mon mélange tomates vertes, pommes poires (coupées en petit morceaux, bien sûr) commence à chauffer, je fais revenir des oignons dans une cocotte en fonte. Je rajoute le gingembre, la moutarde, le sucre et le vinaigre. Je fais mijoter un peu, puis je verse le tout dans la bassine où cuit déjà le reste. Comptez une bonne heure en tout, faut que le mélange commence juste à attacher, remuez et surveillez pendant le dernier quart d'heure. Mettez en pot.

Finalement, ça valait le coup de vaincre ma paresse et mon jemenfoutisme naturels: si la première cuvée n'est pas mauvaise, la seconde est excellente, parfumée et tout et tout. Du coup, on en mange sans modération, avec un reste de poulet froid, avec des céréales un peu fades, avec une tartine de rillettes ou de pâté.

Va rien me rester pour les cadeaux!

Ou alors j'en refais? J'ai encore des tomates vertes. Mais plus de pommes, ni de poires. Je pourrais faire une razzia dans les environs, c'est un peu triste tous ces vieux arbres avec les fruits tombés que personne ne ramasse. Les châtaignes non plus, on les ramasse pas, c'est pour les promeneurs du dimanche maintenant. Par contre les noyers... ne vous y frottez pas. Nous sommes dans la zone "noix de Grenoble", les noix sont soigneusement ramassées en temps utile, et les propriétaires peu indulgents aux maraudeurs.

Commentaires

1. Le lundi 26 octobre 2009, 15:34 par ko

Pour les tomates vertes, je ne sais pas si tu as essayé, mais il y a la fameuse (chez moi, en tout cas) confiture de tomates vertes, un des plus grands succès de ma Mamie, qui y ajoute, selon l'inspiration, gousse de vanille, ou zestes de citron (je préfère).

La difficulté est de ne pas la faire trop liquide, j'ignore totalement comment, car les secrets de la cuisine sucrée m'échappent totalement (j'aime pas trop ça, et tant qu'il y a Mamie... à qui j'ai quand même demandé de noter ces recettes et ses tours de main !).

Cette confiture est une merveille de subtilité (me semble vaguement en avoir fait goûter lors d'un Vazy ?!?).

Elle se marie parfaitement avec les crabelés, un gâteau sec simplissime de par chez moi (farine, oeufs, fleur d'oranger, beurre, malaxer le tout selon des règles très strictes, laisser reposer un temps déterminé précis ; découper la pâte en boudins qu'on écrase dans un moule en fonte façon gaufre, mais plus plat, au bout d'un long manche, et cuire tourne-retourne sur un feu de bois... autant dire qu'il faut de la main d'oeuvre juvénile pour tenir le moule ! Ces gâteaux se préparaient traditionnellement fin janvier - début février, pour la kermesse de l'école "libre" - privée, donc -, et il ne subsiste plus que quelques moules dans le village, dont celui de ma famille, qui date du siècle avant-avant dernier, et qui en a vu passer, des crabelés... peut-être pour ça aussi que ce sont les meilleurs du village... :-)

2. Le lundi 26 octobre 2009, 17:25 par cultive ton jardin

Merci pour la suggestion, j'avais fait de la confiture il y a quelques années, qui n'avait pas reçu un accueil enthousiaste. Mais je suis tentée de recommencer, en mieux, surtout après ton commentaire.

Je pense que pour ne pas la faire trop liquide... il suffit de faire cuire assez longtemps pour que le liquide s'évapore. Comme pour le chutney, où je suis allée jusqu'à la limite d'attacher au fond de la bassine pour obtenir la consistance voulue.

Les crabelés... je vais pas m'y risquer, hein, tu me pardonnes?