Elevages concentrationnaires et virus en mutation

Un billet très court pour vous signaler un reportage remarquable de la télévision suisse romande, sur le contexte dans lequel est apparu le virus H1N1 dont on nous a fait un tel épouvantail. Le vent de panique qui a soufflé à propos d'une possible pandémie et qui s'est révélé injustifié n'était peut-être pas si irrationnel que ça. Un virus vraiment méchant aurait bien pu apparaître, pourrait bien apparaître un de ces jours, les conditions de l'élevage industriel y sont tout à fait propices et les scientifiques le savent.

Le reportage dure 43 minutes, c'est long, mais ça vaut qu'on prenne le temps. Il explique en détail, témoignages et images à l'appui, ce qui se passait à La Gloria, au Mexique, lorsque le virus y a été repéré pour la première fois. Ce qui s'y passe probablement encore. Et ce qui, peut-on imaginer, se passe ailleurs sur tous ces territoires sacrifiés où les élevages concentrés de porcs et de volailles apportent nuisances environnementales et sanitaires. Tout ça pour que nous puissions acheter à des prix de rêve une viande de cauchemar.

Même si vous refusez de devenir végétarien (ce qui est mon cas), même si vous vous foutez complètement de l'environnement (ce qui devient rare), même si vous faites parti des décomplexés qui pensent "que le monde crève pourvu que je m'empiffre", même si vous avez très peu de sous et que la viande à bas prix est une aubaine, presque une obligation, réfléchissez-y à deux fois avant d'ingurgiter certaines charcuteries, côtelettes, plats cuisinés surtout, on se méfie jamais assez des trucs tout prêts, c'est là que finissent les produits les plus frelatés, ni vu ni connu je t'embrouille.

Ecoutez attentivement ce reportage, et lisez ou relisez "Bidoche" de Fabrice Nicolino. On n'y parle ni de La Gloria, ni du H1N1 (paru trop tôt) mais son propos n'en est que plus convaincant car tout y est déjà en germe. Et son sous-titre, "L'industrie de la viande menace le monde" qui pouvait apparaître excessif ou grandiloquent, prend tout son sens.

Joyeuses fêtes!

Commentaires

1. Le lundi 21 décembre 2009, 14:25 par ko

Merci pour les références !

Moi non plus, je ne veux pas devenir végétarienne, mais ça fait des années que je ne m'autorise qu'une fois par mois environ le repas de fête que constitue pour moi un bon morceau de boeuf "bleu" (basse-côte au lieu de côte ou entrecôte quand je suis fauchée, voire "pièce du boucher", souvent aussi tendre qu'un rumsteak), et bien sûr, achetée chez un boucher qui se fournit pas loin (pas plus loin que l'Aveyron et ses fabuleuses Salers élevées en plein air et pâturage...) Le reste du temps, un peu de cochon, parce que tout est bon dans le cochon, acheté local (toujours l'Aveyron, Gardarem Lou Larzac) auprès du producteur... Et un bout de lard dans la soupe suffit à la transfigurer ! Comme ça, je me régale, j'ai ma ration de protéines carnées, ça me coûte bien moins cher qu'à ceux qui achètent pour tous les jours de la mauvaise bidoche en supermarché, et je cautionne pas les élevages industriels, ni les transports incohérents...

Là encore, sobriété et usage raisonnable sont la clé ; c'est ce que je réponds à ceux qui veulent absolument que la seule solution soit le végétarisme. Entre "l'excès industriel" de la (mauvaise) viande à tous les repas ou presque, et le "plus jamais" des militants radicaux, le "un peu, local, de temps en temps" me paraît une voie médiane plus à même de convaincre un grand nombre et donc, certainement plus efficace en termes de conséquences...

2. Le mardi 22 décembre 2009, 18:20 par Juntos

Je n'achète jamais de plats cuisinés, ni de viande au supermarché, pour les raisons que vous indiquez. Mais comment savoir si la viande du boucher vient d'un élevage intensif ?

3. Le mardi 22 décembre 2009, 21:03 par cultive ton jardin

Poser la question à votre boucher? Le nôtre affiche la provenance (locale) de ses bêtes. A la limite, nous pourrions aller voir. Reste que sa viande n'est pas bio et que nous ne savons pas, même dans une ferme de petite dimension, ce que mangent vraiment les animaux (des tourteaux de quoi, importés d'où?), ni comment ils sont soignés.

Un éleveur local m'a expliqué avoir renoncé à passer en bio, ce qui l'aurait obligé à cultiver lui même les légumineuses au lieu d'importer des tourteaux de soja. Trop coûteux, il ne bouclait plus son budget.

Non seulement l'élevage bio n'est pas aidé, mais il coûte, puisque les contrôles liés aux certifications se font aux frais des éleveurs. Au point que certains font du bio sans le dire, ayant renoncé à la certification, c'est un comble.

Plus nous serons vigilants et exigeants, plus nous serons nombreux à l'être, plus les éleveurs et les bouchers seront rigoureux.

4. Le samedi 26 décembre 2009, 14:23 par ko

certains font du bio sans le dire, ayant renoncé à la certification ---> tutafé... c'est comme dans le vin : nous avons en Languedoc-Roussillon (mais j'imagine que c'est le cas un peu partout, seulement je ne parle que de ce que je connais :-) beaucoup de viticulteurs qui travaillent le plus naturellement possible, mais qui ne demandent pas la certification bio (d'autant plus qu'elle ne concerne que le raisin, pas les techniques d'élevage du vin...). Certains sont même beaucoup plus exigeants que le cahier des charges bio ! Puis il y a d'autres labels, Demeter notamment, pour l'agriculture byodinamyque...

On peut toujours demander à son commerçant, en effet, les passionnés aiment parler de leur métier, des contraintes, expliquer... ça demande du temps, évidemment, mais ça vaut le coup (on est ce que l'on mange, après tout ;-)

Et s'ils ont de plus en plus de clients faisant preuve d'attention envers ces questions, ils y seront eux-mêmes de plus en plus attentifs, ne serait-ce que par intérêt bien compris...

5. Le lundi 19 avril 2010, 09:15 par plombier paris

Très intéressant comme article.
J'ai fais un petit tour et j'aime beaucoup votre blog, continuez ainsi ;)