Saints de glace, le retour

Mais qu'est-ce qu'ils ont tous avec les saints de glace? Un quart des mots clés qui amènent des promeneurs sur mon blog s'y réfère. Et je dois avouer que moi aussi, ces derniers jours, ces fameux (fumeux?) saints de glace me turlupinent. Saint Servais, saint Mamert (mais non, pas seins mammaires, ni Noël Mamère) et saint Pancrace semblent plus que jamais à l'ordre du jour. Jusqu'à vendredi, on était en été, nous revoilà en hiver. Températures glaciales, pluies incessantes, un vrai temps de printemps.

La pluie, je suis plutôt pour. Avec le beau temps, une quasi sécheresse s'installait, ma terre était redevenue béton, et la source ranimée par les dernières chutes de neige s'enfonçait dans le sol désolé au lieu de reconstituer le ruisseau. Mais pour la jardinière, le problème est toujours le même, le temps qu'il fait et le temps qui passe la prennent en tenaille. Surtout si la jardinière n'est pas que jardinière. Et c'est mon cas.

Pendant la seconde moitié d'avril, j'étais plus grand mère que jardinière. Mon calendrier à pris du retard, mais pas de souci, en une semaine de travail intensif, la première de mai, j'allais retourner la tendance. Début mai, c'est une excellente période. Certes, les horribles saints de glace sont encore à venir, mais de nombreuses plantes ne s'en soucient pas du tout ou à peine. Les fèves semées en février, les pois mis en terre fin mars commençaient à avoir belle allure. Les carottes, panais, betteraves rouges semées début avril pointaient leurs petits museaux coquins, et le désherbage minutieux, qui doit être le plus précoce possible avait bien commencé. Ces trois plantes ont l'avantage d'être très reconnaissables dès leur sortie de terre. Les betteraves, à cause de leur belle couleur violine, les carottes à cause de leur feuilles très découpées, si caractéristiques. Et les panais... ben les panais, paske JE les connais, tout simplement.

Pour les pommes de terre, j'avais vu grand. Trop. Une mini cagette de Rattes prégermées, une cagette de Belles de Fontenay, plus un sac de 3 kg d'Amandines. Quand j'ai eu terminé les Rattes et les Belles de Fontenay, presque 200 plants, j'ai réalisé que je n'aurai ni le courage, ni le temps, ni la place de doubler la mise avec les Amandines. Retour à la Coop, qui a bien voulu me les reprendre. Tiens, elles viennent de sortir de terre mes patates, j'aime bien ce moment où on les découvre, les unes après les autres, pointer leurs feuilles bien serrées encore. En deux jours, le fond du sillon commence à avoir de l'allure.

Les oignons, j'ai failli oublier les oignons! ils devraient être en terre depuis avril, ils sont toujours benoîtement dans le placard, et la terre est détrempée. Alors, quoi je fais, moi? Ce qu'il ne faut jamais faire, travailler une terre mouillée. Je me fais aussi légère que possible, je désherbe à minima, je gratouille de la pointe fourchue de ma serfouette sur la ligne. Juste assez ameublir la terre pour, le bulbe coincé entre pouce, index et majeur, l'enfoncer de deux centimètres. Un très léger coup de râteau, tasser en douceur, et voilà: une soixantaine d'oignons blancs et presque 80 jaunes de Mulhouse sont en place, ouf.

Quelque bricoles encore. J'avais repiqué une dizaine de choux achetés au marché. Cette année, vu la danse ravageuse des piérides que j'ai subie l'an dernier, j'avais prévu de les entourer de fleurs, pour tromper l'ennemi et favoriser ses prédateurs. Un sachet de "Cosmos Sulphureus" (offert par le Biau Germe avec ma commande) et un demi sachet d'eschscholtzia, si c'est pas efficace ce sera au moins joli, et les eschscholtzias se ressèment, j'aime bien ça, jardinière du moindre effort. Pour compléter le dispositif "trompe-piéride", je sème, en bordure tout près des choux une rangée de haricots. Là, c'est l'hérésie complète, il est trop tôt, bien trop tôt pour les haricots.

C'est là que se rejoignent "saints de glace", "lune rousse" et dictons locaux style "tant kia de la neige sur (au choix) La Sûre, Le Moucherotte, Chamrousse, le Granier ou tout autre sommet dans les 2000 mètres, ON NE SÈME PAS LES HARICOTS. C'est un DOGME. Mon problème, c'est que je vais être absente quinze jours. Aujourd'hui il est trop tôt, dans 15 jours il sera pas trop tard, mais... je VEUX des haricots en juillet, na! ceux que je sèmerai en rentrant ne seront pas récoltés avant Août. Un coup de chance est possible. La lune rousse, celle qui suit Pâques et qui donc est mobile, se termine le 14. Les trois saints, qui sont fixes, ont lieu les 11, 12 et 13 mai. Tant que ces deux dates ne sont pas passées, et tant qu'il reste de la neige sur la montagne d'en face, il reste un risque de gelée. Et les haricots, frrrrrt, grillés. Pareil pour les tomates, potirons, courgettes, concombres.

Début mai, c'est trop tôt, fin mai, ce sera un peu tard... je vous raconte la suite demain.

Commentaires

1. Le samedi 8 mai 2010, 09:46 par Ga(i)elle

On est demain !
Quel suspense... :oD

2. Le samedi 8 mai 2010, 13:32 par cultive ton jardin

Voilà, voilà... c'est fait!