Une poule qu'a trouvé un couteau

Euterpe, qui vient parfois commenter sur mon blog (et je visite le sien, je suis effarée du nombre de femmes célèbres inconnues ou méconnues qu'elle fait sortir de l'ombre), me demande de sacrifier à un rite bloguien, le tag. Mouais... C'est difficile, presque impossible pour moi d'écrire sur commande: "çà" vient, ou ça vient pas. Si ça vient, les phrases s'enchaînent toutes seules dans ma tête, et au bout d'un moment, quand je sens que je tiens un bon début, solide et bien planté sur ses quatre pattes, je m'assieds à l'ordi et j'écris. Je corrige très peu, sauf pour finasser, déplacer un morceau de phrase, enlever une répétition, supprimer ce qui me semble trop ceci-cela, emphatique, redondant (j'aime bien ça, mais je me soigne), espacer des paragraphes, et, bien sûr, faire la chasse aux fautes de frappe, d'orthographe, de ponctuation.

Donc, écrire sur commande, pas capable. Je le déplore d'ailleurs, n'allez pas croire que je m'en vante (quoique...).

En plus, le sujet... zavez vu le sujet? Si "la gauche" (???) peut "gagner" (!!!) en 2012. Je le tourne et le retourne, le sujet, je le picore, ça résiste, manifestement ça se mange pas, j'essaie de l'attraper du bec, c'est lourd, ça glisse, ya pas de prise. Une poule qu'a trouvé un couteau. Et tout ça serait parti de Cohn Bendit qui aurait dit... ma foi, je sais plus, et devinez? je m'en fous un peu. Après, yen a qui parlent de DSK. DSK, je m'en fous pas, vous l'avez tous vu et entendu serrer la Tunisie de Ben Ali sur son coeur, et prétendre qu'elle était tellement bien dirigée économiquement qu'elle avait rien à craindre de longtemps. DSK, ce qu'il aime, c'est les pays riches dont la population est pauvre. Et, c'est bien connu, pas de meilleur moyen pour devenir un pays riche que d'appauvrir le peuple. Celui des autres pays de préférence, mais baste, si on a pas la chance d'avoir un autre pays, plusieurs autres pays sous la main botte, alors faut bien se contenter du sien. Ça a des inconvénients, ça oblige à prendre l'avion et à s'expatrier, mais heureusement très rarement, et on peut retrouver à l'étranger un train de vie équivalent, quelques lingots en poche, sans tous les soucis que draine avec lui le pouvoir, bonne affaire. Par ailleurs, DSK, j'ai un compte personnel à régler avec lui.

Pourquoi yen a qui parlent de DSK quand ils se demandent si "la gauche" peut gagner? Je me ballade un peu sur les blogs concernés, et je vois que d'autres parlent de Ségolène Royal, et même de Delanoë. La question serait donc non pas si "la gauche" peut gagner mais si le parti socialiste peut gagner. Et s'il peut gagner... les élections. Ah, mais, ça change tout ça! il s'agit d'élections! Les élections... ben je m'en fous aussi. Je continue assidûment à voter, comme je baisse la voix quand j'entre dans une église, pour pas trop contrarier mes voisins. Vous voulez que je vous dise? C'est truqué les élections. Tout ce qu'ils nous demandent de choisir, c'est la sauce à laquelle on sera bouffés, pour eux on est que des oies. Tiens, un exemple: pourquoi, dans une élection législative, ya des triangulaires alors qu'il yen a pas dans les présidentielles? S'il y avait eu des triangulaires en 2002, Jospin aurait peut-être bien été élu, non? Et je parie que ceux qui ne suivaient pas bien (yen a, et pas mal) avaient pas vraiment compris, vu que les journalistes leur parlaient tout le temps du "troisième homme", qu'il y en aurait que deux au final. Même sur le podium aux Jeux Olympiques, ya trois places.

Mais oui, je fais un peu l'idiote. Je vais essayer d'être sérieuse sur un sujet qui ne l'est pas. La gauche, c'est quoi? J'ose plus utiliser ce mot, tellement il a été traîné dans toutes les boues, faut vraiment le prendre entre le pouce et l'index, le faire tremper, le frotter à la brosse chiendent, et c'est pas sûr qu'on réussira à le "ravoir", comme disaient autrefois les bonnes ménagères d'une tache qu'elles craignaient indélébile. Donc, si je réussis à peu près à comprendre ce que les autres entendent par "gauche" en creusant un peu le contexte, c'est un mot que je n'utilise plus personnellement.

Et gagner? Gagner... en 2012! Mais gagner QUOI? On en parle comme de gagner un match, ou de gagner au loto. Un jour, comme ça, on se lève le matin et c'est pas gagné. Et le soir, on boit du champagne et on a gagné. Ou on a perdu et on pleure dans son verre. Et on attend 2017. On f'ra mieux la prochaine fois, on va changer d'entraîneur (l'était pourri, le Raymond), on va mettre les joueurs au piquet (mangeaient hallal, ces salauds là, comment veux tu gagner un match en bouffant hallal?), on va croiser les doigts en achetant ses billets de loto.

Vous savez quoi? j'ai pas envie d'attendre 2017, ni même 2012. J'ai envie de vivre, là, maintenant, tout de suite. J'ai envie de commencer à le construire, le monde dans lequel je voudrais vivre. C'est pour ça que je cultive mon jardin. Si j'en crois Pierre Rabhi, "Cultiver son jardin est un acte politique". Je cultive le mien, au sens propre, mais aussi au sens figuré. Je me cultive moi-même, en essayant de comprendre quelque chose à ce foutu monde, en essayant de réfléchir à comment le changer. Je cultive l'amour et l'amitié, j'échange des idées, des réflexions, dans le monde réel comme dans le virtuel, pas si virtuel que ça d'ailleurs. J'ai une petite idée de comment il serait, ce monde là. Egalitaire et généreux. Entre NOS mains. Vous aussi? C'est un bon début. On en reparlera dans un autre billet (peut-être).

Par contre, j'ai, pour l'instant, aucune idée de "comment" y arriver. Mais, je vous le dis, on y arrivera certainement pas en se creusant la tête pour aider nos politicaillons à mieux parler au peuple pour lui faire avaler des couleuvres. En 2012.

Commentaires

1. Le mardi 18 janvier 2011, 21:08 par Euterpe

Super ! J'adore. En plus ,c'est tellement vrai que les élections sont complètement truquées ! Et en effet, cultivons-nous, c'est le seul moyen qui nous reste pour les empêcher de nous raconter des bobards. Communiquons-nous mutuellement notre savoir. En réalité, je suis sûre que nous nous passerions très bien d'un pouvoir. Merci pour ce billet, j'ai super bien fait de te taguer !:-)

2. Le mercredi 19 janvier 2011, 16:52 par cultive ton jardin

Je réalise, un peu tard, que j'aurais dû passer le relais.
Anita, Fauvette, voulez-vous?

3. Le vendredi 4 février 2011, 12:09 par Janot lapin

Je tique sur le mot "politicaillons". Attention à ne pas mettre tout le monde dans le même sac. Attention aux raccourcis, attention à l'antiparlementarisme.

"... c'est tellement vrai que les élections sont complètement truquées." Cette formule m’étonne venant d’Euterpe. C’est faux, les élections ne sont pas truquées en France. Je ne veux pas prêter de mauvaises intentions à Euterpe, je crois comprendre ce qu’elle veut dire mais la formulation est pernicieuse.

« Cultiver son jardin est - effectivement - un acte politique », mais se contenter de cultiver son jardin serait un repli sur soi catastrophique pour le mouvement écologiste et alternatif. D'ailleurs, Pierre Rabhi ne se contente pas de cultiver son jardin.

La France est aussi notre jardin dont nous avons à prendre soin. Le pouvoir actuel incarné par Sarkozy et l’UMP est pervers. Nous traversons avec eux une basse époque. Les dégâts sont profonds. Le découragement guette même les gens de bonne volonté. Ce n'est pas le moment de baisser les bras. La démocratie a besoin de notre vigilance citoyenne.

4. Le vendredi 4 février 2011, 15:49 par cultive ton jardin

Le mot "politicaillons" exprime très bien ma colère d'avoir vu tous les mouvements soi-disant unitaires se défaire dans la douleur dès qu'il était question d'élections.

Et si les élections ne sont pas pas truquées au sens propre (quoique... Tibéri pourrait nous en apprendre), les dés sont pipés, je le maintiens, par le bulldozer des campagnes électorales bien relayées et amplifiées par les médias pour nous conduire à un bi-partisme mortifère.

Car une fois qu'ils ne sont plus que deux "grands", ils rivalisent uniquement pour se piquer des voix sur des thèmes racoleurs, comme le sécuritaire et le punitif.

Et à propos d'antiparlementarisme je rajoute qu'en tant que femme... le parlement... pas vraiment représentatif, pas plus d'ailleurs qu'il n'est représentatif sur le plan sociologique et sur bien d'autres. Que de filtres sournois pour éliminer tout ce qui pourrait apporter de l'air frais...

5. Le dimanche 6 février 2011, 20:18 par Hypathie

Le problème des élections, c'est que comme n'importe quel panel, il ne mesure que l'offre ! Jamais la demande. Pour expliquer : tu ne peux voter que pour ceux qui se présentent et si parmi tous les candidats de tous bords qui se proposent, le choix à faire est merdique, le désintérêt est de plus en plus marqué pour la politique et notamment certains scrutins. Moi je ne me dérange plus pour les municipales, tellement dans ma ville tout le monde est mauvais, les en place comme l'opposition. Autant profiter de l'heure dégagée pour faire une vraie balade à la campagne ! Et je ne suis pas la seule : l'équipe en place (depuis 40 ans !) est élue avec moins de 50 % du corps électoral, moins de 40 % dans certains quartiers. Les gens en ont marre de voir tout le temps les mêmes têtes de mecs cumulards et rempileurs.

6. Le lundi 7 février 2011, 10:03 par cultive ton jardin

En effet. Comme si on disait: "80% des Parisiens préfèrent, au pti déj, regarder le mur de l'immeuble d'en face ou le toit de celui d'à côté".

Une première idée, qui ferait de la place: déclarer définitivement inéligibles tous ceux qui ne respectent pas la loi. Que ce soient les tricheurs, bourrages d'urnes, non respect du financement ou les racistes, ceux qui bafouent la présomption d'innocence quand elle ne concerne pas leurs pairs, ou encore les élus municipaux qui refusent de construire 20% de logements sociaux sur "leurs terres".

"Si ça gagne pas, ça débarrasse", comme disait mon grand père quand il me foutait la pâtée au jeu de dames.

7. Le samedi 12 février 2011, 19:23 par paul

vous dites : "J'ai envie de vivre, là, maintenant, tout de suite. J'ai envie de commencer à le construire, le monde dans lequel je voudrais vivre. C'est pour ça que je cultive mon jardin."

ben oui : je pense qu'on est très nombreux à sentir les choses comme ça.

et du coup, à ne plus trop s'intéresser à "la politique"... les bras ballant devant toutes les rivalités guerrières et individualistes qui nous assomment de discours dont on comprend trop qu'ils sont des mensonges, de la frime, etc...

l'ennui c'est qu'effectivement on ne sait pas quoi faire d'autres que de se déprolétariser, se réapproprier ses savoir faire, depuis le potager jusqu'à l'administration gnulinux...

et que pendant ce temps, les politiques s'amusent à faire des lois par et pour les plus incultes des populations : ceux qui fabriquent et commercialisent des produits fallacieux comme machin d'assurance, médecines bizares, montre de luxe, chirurgie plastique, grosse cylindrée 4x4, voyages dans les pays soumis etc... et surtout ceux qui consomment les mêmes produits...

je sais pas si mon monde est généreux. je sais pas si celui qu'on pourrait construire sans tous ces trucs et ces machins serait mieux...

je me sens simplement sans moyen, sans impact et totalement isolé... et j'en rencontre plein qui ont la même sensation.

8. Le mercredi 16 février 2011, 13:45 par Fauvette

Bonjour,
J'ai eu quelques soucis techniques avec mon blog, qui était inacessible...
Puis, pas mal de travail lié, donc je ne sais pas si j'aurais le temps de relayer ce billet !

9. Le mercredi 16 février 2011, 14:48 par cultive ton jardin

Pas grave, Fauvette, c'était juste une proposition. J'ai bien vu que ton blog avait disparu quelques temps, bien contente qu'il soit revenu.

10. Le dimanche 20 février 2011, 18:47 par cultive ton jardin

@ Paul:

C'est pas par désespoir que je cultive mon jardin, ni même parce que Pierre Rabhi a dit que c'était politique. C'est parce que j'aime ça, vraiment. En plus, c'est complètement raccord avec l'époque: la nature, les ptits oiseaux (j'ai lu ailleurs que tu avais des merles: moi aussi, beaucoup, et aussi des mésanges, des pinsons, un rouge gorge. Et encore, on est en hiver, en été ça se diversifie. Raccord aussi avec l'idée de décroissance: non pas que je sois vraiment décroissante, mais je me soigne. Aujourd'hui plus qu'hier et (peut-être) bien moins que demain.
Le jardinage, ça me permet aussi plein de réflexions qui dépassent de loin mon petit rectangle de choux et de poireaux. Les pesticides, le manger sain, les paysans sans terre, le manger moins de viande pour polluer moins et pas affamer les pauvres. C'est PAS DU TOUT une position de repli.

C'est aussi du bonheur, et le bonheur c'est de l'énergie. Pour le moment, je fais des provisions. Un jour, tout ça débouchera bien sur quelque chose. Nous serons alors nombreux à bouger.