Le bon sens et l'évidence

Le bon sens et l'évidence nous disent que le soleil tourne autour de la terre. Je me lève le matin, il est sur ma gauche. Puis je le vois, à l'évidence, monter dans le ciel, redescendre, et enfin disparaître à ma droite. En réalité, le bon sens et l'évidence ne vont même pas jusque là, car ils pensent, ils voient bien, que la terre et plate. J'ai rayé "ils pensent", le bon sens et l'évidence évitent de penser.

Le bon sens et l'évidence sont allés jusqu'à foutre en taule ceux qui disaient que la terre était ronde (les idiots!) ou qui prétendaient que non seulement le soleil ne se levait ni ne se couchait mais qu'en plus c'était la terre qui lui tournait autour et qui tournait sur elle même. Autour du soleil en un an. Sur elle même en 24 heures. Si elle tournait sur elle même, la terre, ça se saurait. On le sentirait, non? On verrait les arbres défiler... euh le soleil bouger... bon, peu importe.

Le bon sens et l'évidence me disent que ma manière de vivre, de penser le monde, de concevoir les relations avec les autres vivants et l'ensemble de la nature sont les meilleures qui se puissent concevoir. Les inquisiteurs le pensaient. Les nazis le pensaient. Notre "admirable civilisation occidentale" (Tintin et Milou, Le Lotus Bleu, page 7) en est persuadée.

Le bon sens et l'évidence, si précieux quelquefois, nous font aussi penser, dire et faire de fameuses conneries. Surtout quand nous tentons d'imposer notre "point de vue" à autrui.

Quand un enfant grandit, vient un moment où il acquiert la capacité de s'extraire de sa vision auto centrée pour se projeter dans l'esprit de l'autre. Moi, je vois ça, se dit-il, mais l'autre, en face, ne voit pas la même chose. J'ai vu ça, mais lui n'était pas là, il ne l'a pas vu, ou inversement, il me raconte quelque chose que je n'ai pas vu moi-même, faut que j'y réfléchisse. Moi, je pense ça, mais elle, à côté, pense différemment. Vient le moment où il est capable de dire, "j'aime pas les épinards, mais mon frère, il adore ça", au lieu de dire "bêêêh, c'est pas bon les épinards".

Plus tard, au lieu de s'exclamer "Comment peut-on être Persan?", il deviendra capable de s'émerveiller en découvrant d'autres manières de voir le monde, de s'interroger sur ces différences. Il ira peut-être même (sacrilège, blasphème, hurlait la Sainte Inquisition) jusqu'à prendre des distances avec ses propres évidences.

Ma foi, nous avons placé à des postes dirigeants, nous avons confié nos vies et notre avenir à des gens qui n'ont pas encore atteint ce stade de... développement, et qui en sont fiers. De très vieilles ombres sont de retour, elles nous fixent sans trembler.

Commentaires

1. Le vendredi 10 février 2012, 22:09 par Fab

Nos dirigeant en sont bien plus loin en fait. Ils font partie de cette société individualiste et on poussé le trait à outrance. Seul leurs intérêts sont importants et le pouvoir. La catastrophe écologique à venir n'est pas assez proche par exemple pour avoir crédit à leur yeux.

2. Le mardi 14 février 2012, 07:04 par Valérie de haute Savoie

Pohpohpoh J'ai pas voté pour ces gens là moi !

3. Le mardi 14 février 2012, 12:31 par cultive ton jardin

Ah ben moi non plus. Pourtant, comme on est en... démocratie, je me sens un peu responsable. Pas trouvé assez d'arguments, d'énergie, de chépaquoi pour empêcher ça.

C'est dans ce sens que je dis "nous". C'est le même "nous" qui pourrait renvoyer ces vampires dans leurs caveaux dont "nous" n'aurions pas dû les laisser sortir.