Deux femmes, ça va, plus ça poserait problème!

Sur son dernier bulletin d'information (sept - oct 2009) le Conseil de l'Ordre des médecins gratifie ses lecteurs d'une étude sur la démographie médicale. Ce qui saute aux yeux quand on regarde la pyramide des âges, outre un très net rétrécissement de la base, c'est que le nombre de femmes est en constante augmentation chez les médecins.

1374 pour 5519 chez les plus de 65 ans

7455 pour 22238 chez les 60-64 ans

14544 pour 27550 chez les 55-59 ans

15771 pour 25123 chez les 50-54 ans

13426 pour 17663 chez les 45-49 ans

10811 pour 10884 chez les 40-44 ans (eh eh, on approche la parité)

15207 pour 12151 chez les moins de 40 ans (ah ben non, la voilà dépassée, du coup c'est plus la parité!)

Ce qui, pour l'instant, donne au total 61% d'hommes et 39% de femmes, mais on va vers un renversement des proportions. Impossible de savoir si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle, on sait que les professions qui se féminisent se dégradent et que les professions qui se dégradent se féminisent. Mais quand même, on peut espérer que plus de femmes médecins, c'est (peut-être) plus d'écoute et plus de respect pour les femmes malades, ça s'est vérifié pour les bébés, qui sont devenus des "personnes" lorsqu'il y a eu un nombre significatif de pédiatres-femmes, et aussi lorsque les médecins-pères se sont mis à s'intéresser à leurs rejetons avant qu'ils entrent en fac de médecine. Il y a probablement de nombreuses autres conséquences de cette évolution qui mériteraient d'être examinées.

Pourtant, et c'est étrange, l'article qui entoure cette très signifiante pyramide ne commente que la diminution, impressionnante il est vrai, du nombre des médecins, donc le vieillissement de la profession, puis la diminution des médecins qui s'installent en libéral, préférence donnée aux remplacements et à l'exercice salarié, et les disparités régionales, qui continuent à se creuser.

Pas un mot (PAS UN MOT, j'ai relu l'article trois fois, j'y croyais pas) de l'évidente féminisation de la profession.

Mais le vrai gag, c'est une dizaine de pages plus loin: le trombinoscope du nouveau Conseil de l'Ordre qui vient d'être renouvelé au tiers: une bonne cinquantaine de photos, dont DEUX de femmes. Une pédiatre et une pédopsychiatre.

Commentaires

1. Le jeudi 22 octobre 2009, 19:43 par gissé du sept deux

l'absence de comment sur la féminisation de la popu médicale (dont j'ai le bonheur de faire partie), c'est peut etre parce que c'est déjà bien intégré dans nos tetes de médicos. Ca l'est peut etre pas dans la tete de la popu générale... ceci dit très juste la remarque de la profession qui se paupérise qaund elle se féminise... bon dac ou dac j'suis bien un type masculin, mais ceci dit la féminisation je suis pour, ça adoucit les moeurs !

2. Le jeudi 22 octobre 2009, 21:40 par cultive ton jardin

Oui, bien sûr, ça devrait modifier l'ambiance. Ca a aussi une conséquence sur le temps de travail. Une femme ne fait pas facilement 80 heures hebdo, elle essaie de garder du temps pour s'occuper de ses enfants, les médecins hommes y pensent moins systématiquement. C'est pour cette raison que l'absence totale de commentaire sur cet aspect de féminisation de la profession m'étonne. Ca évoque plus un tabou qu'un oubli.

3. Le vendredi 23 octobre 2009, 09:52 par gissé du sept deux

alors oui, là parlons du nombre de médecins généralistes et de leur temps de travail
1- numérus clausus (nombre de futurs jeunes médecins admis au concours de 1ère année de méd) en baisse (sauf récemment) = moins de médecins sur le terrain... 10 ans plus tard
2 vieillissement de la population médicale (nombreux départs en retraite qui associé au (1) conduira à un creux en 2014
3 inégalités régionales : je suis en sarthe j'en sais quelque chose...
4 féminisation = comme vous le fites si bien remarquer, diminution du temps de travail (professionnel pas à la maison) hebdomadaire (80 heures peut etre pas .... 50 voire 60 c'est déja pas mal...)
5 développement de postes variés et divers (médecine du travail, associations, réseaux et j'en passe.... ouh la la où va notre argent ?) qui attire les méd gén (surtout les femmes... tiens tiens tiens, ses postes sont salariés, donc les horaires ne sont pas des horreurs)
6 médecin généraliste promu depuis moins de 10 ans au centre du dispositif de la sécu, cad "flic au milieu du carrefour" qui assure la circulation des patients, cad qu'on devient des 'hommes-orchestres" (pardon les femmes) qui faisons tout et n'importe quoi : accueil du patient en l'absence de la secrétaire moins souvent présente que nous, déshabillage et rhabillage des patients, garderie des enfants (tu veux un dessin pendant que j'examine ton papa ?) éducation des enfants (tu touches pas les outils du docteur et tu ouvres pas les placards non plus !!) interrogatoire du patient, examen du patient (quand meme) assistante sociale, psychologue (mon psychiatre est parti deux mois en vacances...), lien avec la famille, courrier pour les spécialistes (le dermato pour examiner les grains de beauté alors qu'avant les patients y allaient directement, secrétaire (alors là chapitre spécial sur le médecin-secrétaire qui tape mieux au clavier que sa secrétaire...) informaticien un peu, paperassier beaucoup...
voilà un petit aperçu de notre galère au quotidien, de notre métier si formidable (la vocation cher monsieur) qu'on préfère de temps en temps les récrés... histoire de se resourcer avant de repartir au turbin

4. Le vendredi 23 octobre 2009, 10:14 par cultive ton jardin

Et pas beaucoup de temps pour se former... laissons faire les visiteurs médicaux qui savent si bien vous convaincre de l'utilité des médicaments inutiles...

Quoique... certains n'ont même plus le temps de les recevoir, les visiteurs médicaux. Dommage, ils offrent de si mignons (et coûteux) gadgets qu'on peut distribuer dans son entourage ou entasser dans ses placards.