Personne a touché à ma terre?

Je donne une leçon de grelinette à ma petite princesse de septembre. L'expérience avec son frère m'a montré que même un enfant de trois ans peut en comprendre le maniement. Et, de nouveau, ça marche. Très motivée, la gamine. On plante l'engin, phase délicate, j'en profite pour montrer le danger d'épingler les petits pieds, ouh la la ça ferait très mal, attention, c'est moi qui! Une fois les cinq dents bien positionnées, on enfonce la grelinette. Bon, quand on pèse 14 kilos, même en montant sur la barre transversale, même en sautant dessus (c'est rigolo!), on enfonce pas beaucoup. Je viens à la rescousse, je balance l'engin, un coup à droite, un coup à gauche, c'est encore plus rigolo que de sauter, balan, balan, balançoire... La jardinière en herbe est pressée: non, pas encore, il faut que la barre touche la terre, comme ça. C'est le moment d'incliner l'outil vers soi pour soulever et émietter la terre, puis, prestement, de changer la position des mains pour avoir plus de force, façon madame la taupe (celle qui voulait savoir QUI lui avait fait sur la tête... ou une autre). Les deux manches doivent être presque à l'horizontale. On balance de nouveau, en soulevant cette fois, le manche de droite, celui de gauche. Terminé.

Séquence numéro deux: attention, on ne soulève pas la grelinette, rapport aux petits pieds et aux forces minuscules de leur propriétaire. On la fait glisser vers soi, une dizaine de centimètres, et on recommence. Planter, appuyer, balancer, faire levier, changer la position des mains, appuyer encore, balancer. On ne s'en lasserait pas. La princesse jardinière, observatrice, s'interroge sur la différence de couleur entre la terre d'origine et la terre remuée, qui est "toute noire". Finie la rangée, elle trouve une autre occupation: briser les grosses mottes avec les doigts. Encore une, encore une. Je suis un peu jalouse, moi aussi j'aime bien ça, sentir la terre, ni trop mouillée ni trop sèche, s'effriter doucement entre les doigts. C'est d'ailleurs ce qui m'attriste plus dans la sécheresse prolongée, la perte de cette agréable sensation.

Elle a dû le sentir, ma princesse, car s'étant éloignée quelques minutes elle revient vers moi et me toise d'en bas (mais si, c'est possible!) d'un regard à la fois méfiant et sévère:

"Personne a touché à ma terre?"

Commentaires

1. Le mercredi 7 septembre 2011, 22:26 par Madeleine

Tu fais bien d'enseigner à ta princesse le tripotage de la terre.
Gratouiller la terre a le don de remettre les pensées à l'endroit - dans mon cas !