Vingt quatre ados et une palme d'or, vive le "storytelling"

C'est je crois, la meilleure nouvelle que j'aie eue, venant de France, depuis que je suis partie. La palme d'or à 24 collégiens du XXème arrondissement de Paris. Je ne sais rien du film, pas plus que tous ceux qui glosent dessus, s'émerveillant ou s'indignant. J'ai même lu sur Bakchich (j'avais pourtant de l'estime pour ce site), le terme méprisant de "film de cantine". Sans l'avoir vu, il faut le faire.

Peut-être que le film est modeste, pas franchement bon, peut-être il n'est pas à la hauteur d'une palme d'or, ou peut-être il est magique, qu'importe? C'est un "petit" film en tout cas, je veux dire un petit budget, 2,5 millions d'euros paraît-il. Aucun de ses acteurs n'est un professionnel, les personnages principaux sont 24 collégiens d'un quartier populaire de Paris.

Le livre dont il est issu, "Entre les murs", de François Bégaudeau, je l'avais bien aimé. Un livre sans chichis, un simple prof qui raconte, au quotidien, ses relations avec ses élèves. Ni catastrophiste, ni bourré de bonnes intentions, juste le quotidien avec ses désespoirs, ses rigolades, ses étonnements, ses découvertes. Un quotidien plein de chaleur humaine. J'aime bien l'idée de Bégaudeau, que l'enseignant doit, d'abord, prendre ses élèves comme ils sont. Et cette découverte qu'une phrase grammaticalement incorrecte peut-être plus efficace, plus expressive que la version Bescherelle.

Ce qui me ravit, dans cette histoire de palme d'or, c'est que les conversations de comptoir vont prendre pendant quelques temps une tonalité particulière. Le public aime bien les histoires de Cendrillon, et c'en est une fameuse. Du coup, à part quelques aigris, il va avoir "pour Chimène les yeux de Rodrigue". Il va aimer ces enfants, même ceux qui causent bizarre, ces familles, même celles qui ont pas encore les papiers qu'il faut, ces enseignants, même ceux qui dérapent parfois.

Ce film retourne le "storytelling" comme un gant, ça me plaît bien. Faut croire que j'ai gardé une âme de midinette.

Commentaires

1. Le jeudi 29 mai 2008, 15:44 par manuela

_toujours MC tu croiras aux miracles, c'est ce que j'ai découvert à Hanoi. Loin des codes familiaux, et proche de la chaleur et de la misère souriante.
tes papiers sont tels que tu es
à la suite
bises___