Un bébé, c'est magique

Un bébé, ça a quelque chose de commun avec un feu de bois: on peut rester à le regarder en perdant la conscience du temps qui passe et le contrôle de ses rêveries. On se sent bien. On n'a besoin de rien.

Ma petite mésange (huppée) est née le samedi 13 au tout petit matin.

J'ai fait sa connaissance le mardi suivant, j'ai trouvé une maisonnée toute calme. Pas de pleurs, ou alors quelques secondes, le temps que quelqu'un la prenne dans ses bras ou simplement lui parle. La tétée à la demande est d'une simplicité biblique. Soit tu as faim, tu têtes, pour de vrai, avec concentration et efficacité, on entend distinctement les gloups discrets qui en témoignent. Soit tu as juste mal au ventre, tu tétouilles et ça te calme. Soit tu cherches la compagnie, et tu la trouves, bonne entrée dans la vie relationnelle. Au début, tu as tendance à tout mélanger, tu ne sais pas trop quels grenouillis t'agitent le ventre, mais très vite tu fais la différence, et ton entourage aussi. La tétée en continu des premiers jours fait place à quelque chose de plus différencié, avec des temps de sommeil qui s'allongent, et aussi des temps de plus en plus nets de vigilance calme: yeux grand ouverts, regard scrutateur.

Je te tire la langue, une fois, deux fois, tu regardes intensément. On entendrait presque ronronner ton cerveau. Puis tes lèvres s'agitent vaguement. Ta bouche s'entrouvre, un effort terrible fait apparaître une petite langue qui refuse encore de sortir. J'y crois pas. Entre le savoir et le vivre, il y a une différence de taille. Et mon cerveau à moi aussi se met à ronronner: comment un bébé de quelques jours peut-il "savoir" que sa bouche et ma bouche c'est pareil, comment peut-il deviner quels muscles il doit bouger pour faire pareil que moi?

Il y a le sourire aussi: de bien être d'abord, celui qu'on fait en dormant presque, bien rassasiée, délivrée des grenouillis. Il y a celui que tu fais les yeux ouverts, en réponse aux câlineries de tes parents, de ton grand frère et de tous les autres, famille et amis. Moi, j'ai pas eu le temps d'en profiter. Lundi matin, j'ai pris le RER, le seul train qui allait à Roissy en ce matin de grève dure, et l'avion m'a déposée, encore éberluée, à Hanoi le mardi matin.

Le sourire d'un bébé par internet? Mouais...

Commentaires

1. Le jeudi 25 septembre 2008, 10:21 par Geotrouvetout

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Je suis jeune papa, et nouveau visiteur ici, depuis quelques mois.
Le mimétisme chez les bébés est carrément fascinant. Ma fille m'a fait le coup de tirer la langue en me voyant faire, ou plus tard de faire du bruit avec ses lèvres tout comme moi !
Leur petit cerveau doit "tourner" à une vitesse folle pour emmagasiner tout ça. C'est prodigieux. Maintenant ma fille commence à se mettre debout dans son lit en se cramponnant très fort aux barreaux, et je me suis demandé "Mais qu'est-ce qui la pousse à se mettre sur 2 jambes seulement, on est pourtant bien à 4 pattes non ?"
"Qu'est-ce qui se passe dans sa petite tête pour décider de se lever ?"
L'instinct, peut-être...
La regarder jouer seule avec un cube en plastique pendant 15 minutes me semble magique, et elle ça l'occupe amplement ce simple cube plastique, comme si elle cherchait à savoir comment l'ouvrir, ou comment l'aplatir parce que c'est un peu gros pour ses petites mains. L'observer des heures ne me dérangerait pas :-)

Amitiés

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2. Le jeudi 25 septembre 2008, 17:38 par cultive ton jardin

"Qu'est-ce qui se passe dans sa petite tête pour décider de se lever ?"

Elle te regarde, elle t'admire, elle veut faire comme toi, c'est tout simple, non? L'instinct, ça la pousserait peut-être à rester à quatre pattes... quoique... j'en sais rien!

3. Le vendredi 26 septembre 2008, 12:19 par Ga(i)elle GrosCâlin

C'est très très bien écrit, comme d'habitude, on s'y croirait. Ca donne hâte d'y être ! En attendant je profite de ce ventre qui s'arrondit perpétuellement (mais "jusqu'où s'arrêtera-t-il ?") et que j'ai l'impression de pousser devant moi tellement il dépasse... et des petits coups de la fleur qui pédale à l'intérieur (dans le Petit Prince version audio, racontée par Gérard Philippe, que j'ai beaucoup écoutée il fut un temps, il y a un passage où la fleur prend son temps avant d'éclore, en repassant "un à un ses pétales"... Dans mon imagination de petite fille c'était devenu une fleur dans une chambre de velours qui pédalait sur un vélo d'intérieur spécial fleur... D'où la fleur qui pédale).

Et plus que la don pour la répétition, ce sont les initiatives "personnelles" qui me bluffent. Là où tu te rends compte qu'il y a forcément eu une réflexion autonome, et que c'est vraiment un être à part entière et non seulement une part de ses parents façonnée par eux. C'est ce petit miracle des cellules qui se divisent, qui construisent un être humain qui finit par avoir une conscience propre. Ca me fascine !

4. Le vendredi 26 septembre 2008, 15:11 par céleste

"Un bébé, ça a quelque chose de commun avec un feu de bois: on peut rester à le regarder en perdant la conscience du temps qui passe et le contrôle de ses rêveries. On se sent bien. On n'a besoin de rien."

superbe :-)

baci

5. Le samedi 27 septembre 2008, 07:47 par La Sardine Masquée du Port

"Le sourire d'un bébé par internet? Mouais..."

Son destin a commencé, le tien se poursuit
Routes différentes et reliées à la fois
Un écran pour un baiser
Une tendresse intacte en pixels éclatés
Pas facile
Mais toujours mieux
Qu'un clipper chargé de thé et de soie
Qui portait les nouvelles en quatre mois parfois.

plein de bonnes choses à ta Mésange, à sa maman patiente, à ses fréres, pères, cousins, cousines, oncles, tantes et j'en passe !

et surtout merci à toi d'être cette grand-mère là.

6. Le lundi 29 septembre 2008, 08:39 par manuela

alors ça y est tu es retournée à Hanoi?? je pense bien sincèrement à toi. Même si le dépaysement et l'éloignement peuvent être sympa, la séparation d'avec les petits enfants est très triste. Philippe a demandé à Van Louis de ne pas grandir trop vite. A cet âge ça change tellement vite. J'ai admiré le regard pétillant de Yoris et la séreinité de Méline.
Bon courage à vous deux

7. Le lundi 29 septembre 2008, 12:59 par vieil anar

bonjour, bonsoir belle grand-mère de l'Asie lointaine, fais ce que tu dois faire là bas où tu es et reviens lui apprendre des trucs... que toi seule connais...bien sur!

8. Le mardi 30 septembre 2008, 07:33 par Brividi

Ta première phrase est SUBLIME.

9. Le mercredi 1 octobre 2008, 11:57 par Emelire

ce qui m'a le + fascinée c'est l'éveil au langage, toutes ces étapes minuscules à vivre c'est magique. Des petits bruits du début, à des sons un peu plus élaborés, vers 3-6 mois, à des gazouillis, puis des "mots", etc. ça m'a énormément plu, émue, car je ne m'y attendais pas. Les premiers 'jeux de mots', chevaux/cheveux, puis les phrases d'enfants, etc. Et les premiers rires !!! Les enfants quand ils ont grandi sont friands d'entendre ces petites histoires sur leur vie, car eux ne s'en souviennent pas même si ça les a construits ...

10. Le mardi 14 octobre 2008, 18:40 par Michel Cornillon

Bon, une première certitude : Cultive ton Jardin CtJ) a débarqué chez moi par l'intermédiaire de Céleste.
Une seconde : CtJ est un homme.
Faux ! CtJ est une femme. Et c'est même une grand mère.
Moi, trois fois papa de garçons et fille qui ne semblent guère pressés de m'imiter.
Ton texte est superbe.
Mais bon sang, qui es-tu ?

11. Le mercredi 15 octobre 2008, 02:54 par cultive ton jardin

Qui suis-je? je me le demande parfois aussi, même si, bien sûr, j'en sais un peu plus que toi. Sympa, internet, qui permet ce petit jeu d'énigmes, d'erreurs, de surprises.

Pour ce qui est de l'empressement de tes garçons et filles à te faire grand père par l'intermédiaire d'un de ces petit(e)s lutin(e)s qui font battre le coeur, prends patience, j'ai moi même attendu pas mal de temps.

Cette année est une année faste pour moi, une seconde petite lutine pointe son museau le mois prochain.

12. Le jeudi 16 octobre 2008, 08:20 par La Sardine Masquée du Port

Une p'tite citrouille de plus dans ton Jardin ? :-)

@Michel : elle est inimaginable, cherche pas, Jardin c'est comme un sourire calme sous la pluie : ça te fait un arc-en-ciel là où il n'y avait rien.