Bidoche, un livre indispensable

J'étais un peu triste hier soir. Nous, les lecteurs fidèles, avions rendez-vous dans notre librairie préférée, pour dire au revoir à Stéphanie, qui nous quittait, licenciement économique. Nous avons bu à son avenir, en espérant qu'il recroisera le nôtre. Nous avons aussi réfléchi, comment faire pour que non seulement cette précieuse librairie ne disparaisse pas, mais qu'elle croisse et embellisse, qu'elle reste le lieu que nous aimons, où nous pouvons nous rencontrer, échanger entre nous et avec des auteurs invités. Qu'elle puisse, le plus vite possible, réembaucher Stéphanie.

J'en ai profité, bien sûr, pour refaire ma provision de bouquins.

Parmi ceux-ci, le dernier livre de Fabrice Nicolino, que j'avais retenu pour en profiter dès sa sortie. Je vous avais parlé d'un autre de ses livres, "Pesticides, un scandale français", écrit en collaboration avec François Veillerette, une enquête à tomber raide (Raid?) sur l'histoire et l'actualité des pesticides dont nous arrosons généreusement nos légumes avant de les manger benoîtement. Comme ça ne nous suffit pas, nous en arrosons aussi l'intérieur de nos maisons, qui finissent par être plus polluées que l'extérieur, faut le faire.

Après les pesticides, Fabrice Nicolino s'était intéressé aux très mal nommés biocarburants, qu'on devrait plutôt nommer nécro-carburants, puisqu'ils apportent la mort dans les pays pauvres, dont la terre est réquisitionnée pour nourrir nos bagnoles en affamant leurs enfants. D'ailleurs, vous noterez que le mot "biocarburant" est désormais un peu délaissé au profit du plus neutre "agrocarburant", le cynisme peut être contre-productif, ils s'en sont avisés. Le bouquin s'appelle "La faim, la bagnole, le blé et nous".

Fabrice Nicolino s'en prend aujourd'hui à la "Bidoche". C'est le titre du livre, expressif n'est-ce pas? Le sous titre, qui fait davantage dans l'explicatif, c'est "L'industrie de la viande menace le monde". Vous n'y croyez peut-être pas, vous pensez qu'il dramatise, qu'il exagère. Faut lire pour vérifier (ou pas). Vous pouvez aussi suivre sa promotion sur le site dédié, et écouter Fabrice Nicolino dans "La tête au carré". J'ai commencé le bouquin, il s'annonce "saignant".

Ce livre est édité chez LLL, "Les Liens qui Libèrent", un éditeur qui vient de naître, et à qui on souhaite longue et belle vie.

Je récapitule: trois raisons d'acheter ce livre:

- Soutenir un vrai journaliste, qui fait des enquêtes solides, musclées, sans concessions. Espèce à protéger, en voie de disparition.

- Soutenir un éditeur naissant: yen a beaucoup, mais leur vie est dure, et parfois brève.

- Soutenir votre petit libraire préféré, vous en avez bien un pas loin de chez vous, réservez lui vos achats.

Si vous avez pas de sous, essayez de convaincre votre bibliothèque préférée que c'est un achat d'utilité publique.

Commentaires

1. Le mercredi 30 septembre 2009, 17:19 par Ga(i)elle

C'est vrai qu'il sort aujourd'hui ! Je veux l'offrir au Nours, suite à un clin d'oeil de Seb (je crois) et à la tête au carré dont au sujet de laquelle que tu nous causes. J'espère que ça va lui plaire, comme complément de cadeau de naninanère...
A ce propos tu as noté le sociologue qui s'est fait embaucher comme ouvrier en abattoir ? Il avoue qu'il continue à manger de la viande, même s'il ne s'explique pas pourquoi. Sans doute, au-delà des habitudes familiales et culturelles, parce que ça peut être tellement savoureux quand c'est bien fait ?

2. Le mercredi 30 septembre 2009, 17:30 par cultive ton jardin

J'aime beaucoup la viande, et depuis que j'en mange moins, je l'aime davantage, je la mange avec plus de plaisir. Double gain. Je n'envisage pas de m'en passer complètement, mais par contre, plus jamais de cette pâtée industrielle qui ne mérite même pas le nom de "bidoche".

3. Le jeudi 1 octobre 2009, 19:40 par Ga(i)elle

Pareil. Peut-être aussi parce que j'ai été élevée à la bidoche et que j'ai découvert le vrai ggoût du jambon à 17 ans... Autant te dire que je me rattrape, non en quantité ou en fréquence mais en qualité !

Et c'était pas par Seb que j'en avais ouï lire (si je puis dire) mais chez JPM, ton commentaire me l'a rappelé...

4. Le jeudi 1 octobre 2009, 19:41 par Ga(i)elle

La librairie La Gryffe, librairie euh... anarcho-libertaire ? de Lyon ne l'avait pas encore et ne l'aura pas avant au moins deux semaines... les aléas des librairies bénévoles ! Le Nours attendra.