C'est dans ce pays que vont grandir mes petits enfants?

Je viens de passer quinze jours à Paris pour souhaiter la bienvenue à une petite gazelle née le 9 novembre. Je voulais aussi vous donner des nouvelles de la petite mésange huppée, deux mois et demi, et de son petit roitelet de grand frère. J'allais vous faire un billet plein d'émotion...

Mais là, j'ai une autre urgence, une autre émotion, honte et colère mêlées: à Grenoble, ma ville, celle où je suis née, la police est entrée dans une école. Une école maternelle. Pour y prendre trois enfants, sous les yeux effarés de leurs camarades.

Lundi 24 novembre, encadrés par des policiers, leurs parents sont venus chercher Jashko, Ricardo et Muhamed en pleine classe. Tous ensemble, ils sont partis pour le centre de rétention, tous ensemble ils ont été expulsés dans la foulée, dès le mardi.

C'est dans ce pays que vont grandir mes trois petits enfants, c'est dans ce pays qu'ils vont aller à l'école. C'est dans ce pays que vont grandir VOS enfants, VOS petits enfants.

Sauf si?

18 décembre, mise à jour: le "Collectif des Ecoles du Jardin de Ville" continue la lutte, allez sur leur site, créé à cette (triste) occasion. Vous y trouverez les informations exactes, le résultat de leurs recherches sur le contexte de cette affaire, leurs efforts pour retrouver cette famille et s'enquérir de son devenir, et la pétition qu'ils ont initiée.

Commentaires

1. Le jeudi 27 novembre 2008, 16:55 par Swâmi Petaramesh

Sauf si on leur fout au cul, mais ça ne m'a pas l'air près d'arriver dans les temps fascisants qui rampent :-(((

2. Le jeudi 27 novembre 2008, 17:39 par GeoTrouvetout

Sauf si le bon peuple ouvre les yeux, mais on lui met de plus en plus d'oeillères !!

Misèreuh, misèèèèèreuh...

3. Le jeudi 27 novembre 2008, 17:39 par Christine

Ni enfants, ni petits-enfants, mais trés égoïstement pas envie de vivre dans un pays, un monde où les choses se passent ainsi.

Les préfets se crispent partout (même ici), c'est dire à quel point le gouvernement qui ne pourra pas afficher de résultats "économiques" se rabat sur la chasse aux personnes étrangères pour avoir de "bons chiffres". Y'a qu'un truc à faire, rejoindre son RESF local (ou une autre assoce de soutien aux sans-papiers).

On est plus nombreu-xses qu'eux. Faut y aller !

4. Le jeudi 27 novembre 2008, 17:52 par anita

Tiens, tu me fais penser que je viens de recevoir un joli dossier "gestion des situations traumatisantes à l'école."
Dans une maternelle?
Que font les pédiatres?

5. Le jeudi 27 novembre 2008, 18:56 par Christine

L'info du Dauphiné. De ce matin. C'est pas plus joli quand c'est raconté par la police ? :-(((

Le collectif des parents d'élèves de l'école du Jardin de ville et cinq syndicats d'enseignants ont protesté hier contre ce qu'ils qualifient d'« intrusion policière », lundi après-midi, dans cet établissement du centre-ville de Grenoble. Selon eux, « trois enfants d'une même famille ont été retirés de l'école pendant les heures de classe par leurs parents sous escorte policière ».
« C'est à notre connaissance une première dans une école de l'Isère », a indiqué l'intersyndicale SNUipp, Sud Education, SE-UNSA, FSU, SGEN-CFDT, qui exige « des explications et des informations complètes de la part de Monsieur le préfet et de Madame l'inspectrice d'académie sur ce qui s'est passé pour cette famille ».
Le collectif des parents de l'école du Jardin de ville s'indigne « face à la présence de la police dans l'enceinte de l'école et face au départ contraint de trois enfants pendant la classe » et demande au préfet des « explications ».
Selon un responsable de la police contacté hier par le Dauphiné Libéré, cette affaire concerne un couple de Macédoniens et leurs quatre enfants dont un en bas-âge. Deux autres sont scolarisés à l'école maternelle du Jardin de ville et le quatrième, âgé de 9 ans, à l'école primaire. « Les parents, qui ont demandé asile politique à l'Allemagne avant de venir en France, ont été convoqués en préfecture lundi en début d'après-midi », indique le même responsable. « Il leur a été notifié, en vertu des accords de Dublin, un avis de réadmission en Allemagne -pays où sont d'ailleurs nés les enfants ».
Selon la police, aucune démarche coercitive n'a été engagée à l'encontre de cette famille. « Ils auraient pu repartir libres de la préfecture, mais le laissez-passer pour l'Allemagne aurait alors été caduque. Ils ont donc fait le choix de se rendre à l'école pour chercher leurs trois enfants scolarisés ».
Selon un officier, la famille a été conduite par les policiers à sa propre demande jusqu'à l'école : « La maman et le bébé ont d'ailleurs été pris en charge dans la voiture d'un ami à eux, venu en interprète ». Selon le même officier, les policiers qui se trouvaient à la porte de l'école -pendant que les parents entraient dans les lieux pour prendre en charge les trois enfants- ne pénétraient dans le hall qu'à l'invitation de la responsable, à laquelle ils ont expliqué la situation. « À aucun moment il n'y a eu intrusion et nous ne sommes évidemment pas entrés dans les classes. Si la famille avait refusé de quitter Grenoble et la France, ils seraient repartis libres et auraient pu exercer leur droit de recours. Aucune contrainte n'a été exercée », affirme encore l'officier.
Dans l'après-midi, la famille a été conduite au centre de rétention de Saint-Exupéry qu'elle a quitté mardi pour l'Allemagne.
Également contactée hier après-midi, Gabrielle Beyler, pour le SNUipp et l'intersyndicale enseignante, a expliqué que, quel que soit le cadre légal de cette affaire, « les enseignants sont choqués de voir le départ soudain de leurs élèves en pleine classe, sans aucune explication ni avertissement de la part de l'académie. Nous ne pouvons tolérer que des enfants soient soustraits à la classe de cette façon ». Le collectif des parents du Jardin de ville a demandé une audience en préfecture aujourd'hui à 18 heures.

6. Le jeudi 27 novembre 2008, 19:15 par Michel Cornillon

sauf si le peuple prend les armes.

7. Le vendredi 28 novembre 2008, 11:03 par Westmalle

Hier soir, mon fils tombe sur des vieilles pièces en francs et amusé commence à toutes les examiner. Il lit à voix haute : "liberté, égalité, fraternité" . Et commente : ah! on y croyait peut-être encore à cette époque! :-(
Va peut-être falloir que j'arrête de lui expliquer à quel point le monde est tout pourri et remettre une bonne dose de positif, mais ces derniers temps c'est pas facile....

8. Le vendredi 28 novembre 2008, 12:54 par céleste

Quelle horreur!

Désormais rien ne les arrête.

Vous avez lu ça?
http://jprosen.blog.lemonde.fr/2008...

La prison pour les enfants de 12 ans!

Nous sommes entrés dans une phase de régression sociale hallucinante.

pas le moment de se démobiliser même si nous ne sommes que des gouttes d'eau.

9. Le vendredi 28 novembre 2008, 13:30 par Westmalle

@ Céleste Oui je viens de l'entendre au réveil de sieste... la nausée pas de problème ça te sort de l'état comateux.

10. Le vendredi 28 novembre 2008, 13:40 par gilda

Je désespère de pouvoir y faire quoi que soit. A défaut de mieux, je fais partie des listes de diffusion RESF et comme heureusement tant d'autres envoie des mails indignés (si on est très nombreux parfois et dans certains cas, ça peut marcher).

Le pire est que j'ai dans mon entourage (de famille d'origine et professionnel) des gens qui trouvent ça normal, Tu comprends, disent-ils, sinon on serait envahis.
J'ai beau leur dire, mais vous venez d'où, vous ? (peu de français qui se considèrent "de souche" le sont de leur 8 arrières-grands-parents), rien n'entame leur conviction protectionniste et endogame. L'autre n'est pas l'ennemi que si on le croise loin de chez soi.

J'ai bien peur que la majorité des Européens pense comme ça. Ils ne comprennent pas que qui émigre le fait par nécessité et peut apporter beaucoup à son pays d'accueil. Ils ne veulent pas mettre leur (relative) prospérité en danger par le partage. Ne se rendent pas compte que c'est précisément par de telles attitudes qu'on va tous dans le mur. Faire de l'Europe une forteresse est illusoire et dangereux. Créateur de haines. Multiplicateur d'extrêmismes.

En attendant on fabrique à tour de bras des détresses inutiles, chez des enfants qui ne demandaient rien qu'à grandir ici et leurs parents aussi. Sans parler des jeunes ou des petits, témoins de ces brutalités. Et même de certains de ceux qu'on charge de les appliquer qui ont encore leur part d'humanité.

Vivement un changement politique. Hélas en France point d'Obama à l'horizon et les ambitieux d'en-face ne pensent qu'à s'entre-déchirer.

Merci en tout cas d'avoir pris la peine d'en parler. Relayer est notre (seul ?) pouvoir. Encore faut-il l'utiliser.

11. Le mardi 2 décembre 2008, 14:27 par Ga(i)elle GrosCâlin

Rien à voir mais... tu es bien rentrée dans ton pays d'adoption temporaire ?

12. Le jeudi 4 décembre 2008, 08:19 par jardin

Oui, et en tant qu'étrangère, je suis accueillie tout à fait correctement par les institutions, et très chaleureusement par les habitants.

13. Le samedi 6 décembre 2008, 21:04 par totem

A trop regarder la télé, les masses populaires ont atteint un degré d'acculturation effrayant, leurs capacités de jugement et d'esprit critique se diluent quotidiennement dans un consumérisme aveugle et sans bornes. Régression des libertés individuelles, crash alimentaire, pollution des écosystèmes et des consciences, le pire est encore à venir. Le temps de l'utopie est revenue.

La discussion continue ailleurs

1. Le vendredi 28 novembre 2008, 12:44 par Ashram de Swâmi Petaramesh

Souvenir lointain

Quand j'étais tout petit garçon, à l'âge de mon Minîshiva d'aujourd'hui, il y avait dans le garage bric-à-brac bricolage réserve de trésors et merveilles de mon grand-père un grand bocal de confiture plein de vieilles pièces à trous......