Patates transgéniques?

Aux armes, citoyens, formez vos bataillons!

Les hordes barbares de la CESM (Commission Européenne de Soumission aux Multinationales) s'attaquent au coeur de notre identité potagère et culinaire, la PATATE!

Alors que des pourcentages massifs de citoyens européens sont soit méfiants par rapport aux OGM, soit carrément hostiles, voilà que l'Europe (ou ce qui prétend être l'Europe) donne son feu vert à une monstruosité, la pomme de terre transgénique. Oh, bien sûr, ils sont courageux, mais pas téméraires, ils ne prétendent pas (quand même!) nous la faire manger, enfin... pas tout de suite. Pour l'instant, ils vont en faire de la colle BASF et faire manger les restes aux (pauvres) bêtes dont nous nous nourrissons (trop abondamment, voir le bouquin de Fabrice Nicolino). Ils rentrent par la petite porte, mais l'essentiel n'est-il pas de rentrer? En essayant de faire oublier que cette... créature possède un gène de résistance aux antibiotiques, précisément ce que les directives européennes elles-même considèrent comme inacceptable.

Tant qu'à faire, je suggère que la colle de fécule transgénique soit labellisée "bio", en argumentant que remplacer d'horribles produits chimiques par de la bonne fécule de patates est un indéniable progrès. Paraît que dans le bâtiment, le bio a le vent en poupe. Maintenant que les braves petits militants avec leurs petites mains courageuses ont fait le boulot le plus chiant, celui qui coûte et qui rapporte guère, la promotion de produits inconnus du grand public, leur homologation, l'amorce de leur commercialisation, les grandes surfaces commencent à trouver le créneau rentable et ramassent la mise. Obligeant au passage les pionniers à s'adapter pour survivre. Dans un dossier spécial "Où va l'habitat écologique", un article des "4 saisons du Jardin Bio" de mars/avril (n°181, vendu en kiosque) intitulé "D'un marché de niche à un marché de masse" fait cette constatation mitigée: les consommateurs iront désormais... chercher des conseils chez les petits distributeurs écolos, et acheter la marchandise en grande surface. On pourrait paraphraser Rabelais, lorsque son Gargantua, "pleurait comme une vache" la mort de sa tendre Badebec, tout en riant comme un veau à son petit Pantagruel tout frais éclos. Malgré la mort économique programmée de nombreuses petites surfaces pionnières, c'est en effet une bonne nouvelle, car c'est bien la pression des consommateurs qui est à l'origine de cette conversion intéressée. Seulement, il va falloir les surveiller de près, ces profitueurs (c'est pas une faute de frappe), qu'ils ne nous fassent pas prendre leurs vessies pour du bio.

La pression des citoyens sera-t-elle suffisante pour faire reculer les géants de la transgénie? Nous le saurons au prochain épisode d'un feuilleton dont nous sommes les héros. La commission européenne accordant généreusement à chaque pays la décision finale, l'Autriche et l'Italie ont déjà refusé, la France se tâte... Mais l'offensive est commencée: il y a peu, un "C dans l'air" consacré à l'agriculture abordait benoîtement par la marge la question du transgénique, et (surprise?) tous les invités y étaient unanimement favorables. Choisis, donc, parmi les 7% de Français qui trouvent que le transgénique c'est vachement bon, pas dangereux du tout et que ça va nourrir le monde. Après avoir engraissé Monsanto évidemment, car il est bien connu que plus gros est le gâteau, plus grosses sont les miettes qui tombent sous la table. Et le petit peuple, surtout quand il est basané et même plus, adore se goinfrer de miettes sous la table des puissants.

Que tout ça ne nous empêche pas de cultiver notre jardin. Le numéro 181 des 4 saisons consacre également un dossier à la pomme de terre cultivée sous une couche de paille. Je vous laisse le soin de lire et de conclure. C'est vrai que ce doit être plaisant à ramasser. Je tenterai peut-être une rangée ce printemps. Je vais déjà acheter mes semences, des fondantes pour le gratin, des fermes pour la cuisson vapeur et bien sûr pour le poteau-feu, et les mettre à germer. J'ai expédié ma commande de graines à Biau Germe, et semé une rangée de fèves pour faire plaisir à mes coccinelles. Par contre, le grelinage, à peine amorcé sur les parties les moins humides de mon jardin, est en panne: la pluie vient de recommencer à tomber. Je me console de ce contretemps en pensant que ça refait le niveau de la nappe phréatique et que, peut-être, ma source, qui a recommencé de couler à la fonte des neiges, ne tarira pas en plein mois d'août comme l'an dernier.

Commentaires

1. Le jeudi 4 mars 2010, 21:24 par peuples

les patates, les patates ....même transgéniques, on leur trouvera du bon goût!

2. Le lundi 8 mars 2010, 22:52 par daphnenuphar

et quand je dis (à amis, famille ou collègues) que si la viande n'est pas bio, ça veut dire que les animaux mangent des ogm, personne ne me croit!

3. Le mardi 9 mars 2010, 09:13 par cultive ton jardin

Envoie tes copains sur "Midi Libre!

Il y a pire: à terme, avec les disséminations de pollen, même les produits bio ne pourront plus être certifiés sans OGM. Les municipalités qui ont pris des arrêtés anti-OGM pour protéger leurs agriculteurs bio se les voient annuler par les tribunaux administratifs, au motif que les maires n'ont pas cette compétence.

4. Le mardi 9 mars 2010, 09:16 par cultive ton jardin

"Selon les chiffres de l ' Inra, environ deux tiers des tourteaux de soja utilisés dans l ' alimentation animale en France étaient à base d ' OGM en 2003."

Et maintenant, ils mangeront aussi les déchets de fabrication de la colle BASF, vive l'Europe transgénique!

5. Le samedi 13 mars 2010, 18:12 par des pas perdus

c'est quand même chouette l'Union européenne...