Ils tournèrent leurs carabines, Potemkine

Si vous n'en écoutez qu'une, que ce soit celle-là.

Et plus particulièrement pour ce moment là, celui où l'histoire bascule, et l'Histoire avec elle. A 2.08 minutes, les fusiliers marins sommés de tirer sur leurs camarades hésitent, se dérobent, résistent, et finalement détournent leurs fusils. Semant la panique chez les gradés. Ben oui, les fusils, prêts à l'emploi, sont chargés...

Pourtant, ce n'est pas cette seconde inoubliable (le sourire de Ferrat...) qui est la plus importante. C'est la fraction de seconde qui précède, celle où ça bascule dans les têtes. Celle où la tyrannie perd l'équilibre, parce qu'un de ses éléments déterminants lui fait soudain défaut: la résignation, le consentement, la "complicité" de l'opprimé.

C'est "La fille de l'Est" qui me donne le feu vert pour utiliser le mot "complicité". Dans un très beau texte, elle raconte un autre bascul: la minute où une jeune fille, violentée depuis toujours par sa mère, cesse brusquement de consentir. Et se retrouve libre sur un parking désert.

L'homme révolté, un homme qui dit "NON"