La princesse est dans l'escalier

Je vous ai déjà dit ailleurs que j'étais grand mère de deux petites princesses. Une vient d'avoir deux ans, la princesse exubérante, l'autre les aura bientôt, la princesse discrète. Pas si discrète que ça quand elle est dans son élément, les trottoirs de Paris, mais encore un peu craintive face à la jungle d'une prairie qui pique et qui mouille. Cet été, dès qu'elles entendaient le mot "jardin", les deux princesses prenaient le chemin de l'escalier, des escaliers. Valait mieux les suivre. Comme dans la chanson, je "descends" dans mon jardin par une série de petits escaliers, dont certains plutôt raides pour de petites jambes de moins de deux ans. Donc, interdiction formelle d'y aller sans moi.

Bien sûr, la princesse exubérante adore les interdictions, chacune d'entre elles est une délicieuse invitation à la valse. Ce jour là, elle est au pied du petit muret qui surplombe le jardin, et je suis déjà en bas, elle a manqué le départ. Elle fait mine de grimper sur le muret, ce dont je la dissuade vivement, elle tergiverse un peu, mais finalement, elle réalise que c'est du sérieux, elle renonce. Je continue mon petit ménage, désherbage et bricolage. Rassurée. J'ai tort.

J'entends bientôt une petite voix derrière moi. Pas en haut, en bas. Presque en bas. La princesse est dans l'escalier. Elle a passé sans encombre le premier, celui dont les marches sont basses et longues, celui que je la laisse descendre seule pour s'exercer, avec moi devant à reculons en filet de protection. Et elle est au milieu du second. Mais là, quand même, elle commence à avoir peur. Le second est pire que raide, je me suis moi même une fois écrasée durement au pied, lunettes cassées, visage tuméfié et poignet fracturé. Alors, elle se met à gazouiller pour attirer mon attention, ce qu'elle s'était bien gardée de faire jusque là. Je vole à son secours, je gronde, très sérieusement, bien sûr elle essaie de me faire rire, je regronde, j'insiste, je martèle, pas toute seule, interdit, pas tout seule, pas toute seule!

Pas toute seule: faut faire attention aux mots qu'on utilise quand on s'adresse à un enfant de cet âge, les mots sont TRÈÈÈÈÈS importants.

Quelques jours plus tard, l'incident se renouvelle presque à l'identique. La petite princesse est de nouveau dans l'escalier, le second, le méchant. Mais elle n'a pas désobéi, elle n'est pas seule: elle tient par la main sa cousine, un peu ébahie de son audace, entre désarroi et fierté.

Commentaires

1. Le lundi 11 octobre 2010, 22:43 par Valérie de Haute Savoie

Une petite princesse qui ira loin.