dimanche 19 juin 2011

Un amour de coccinelles

Je sais pas vous, mais je n'ai jamais vu autant de coccinelles dans mon jardin que cette année. C'en est hallucinant: je peux pas poser mes yeux où que ce soit, sur un légume ou une herbe sauvage, sur un arbuste ou une fleur, sans y trouver une, deux, trois coccinelles, voire davantage. Bon, les pucerons aussi, ont largement profité de la sécheresse, ainsi que les fourmis. Trois petites bêtes souvent associées sur mes légumes: les fourmis installent les pucerons, et les coccinelles viennent se fournir dans ces supermarchés de rêve. Les pucerons, plus nombreux, ne font pourtant guère plus de dégâts, plutôt moins, que les années précédentes. Sauf sur les fèves,bien sûr, vous vous souvenez? Ils sont par contre, me semble-t-il, beaucoup plus fréquents sur les herbes sauvages, dont vous savez qu'elles prolifèrent dans mon jardin dépeigné, vu que non seulement je ne les arrache pas très systématiquement, mais que même je les introduis.

Hier matin, comme je m'apprêtais à arracher (quand même, faudrait pas pousser!) une des nombreuses touffes de liseron qui s'incrustent dans mes plates bandes, ma main s'est suspendue: du rouge au milieu de la touffe. Non pas une, mais deux coccinelles. Une assez grosse, rouge pâle. L'autre, plus petite, rouge vif. Des coccinelles à sept points, bien de chez nous, pas les envahisseuses maladroitement introduites dont la prolifération pose de menus problèmes au point qu'elles sont désormais étiquetées nuisibles mais pourtant toujours commercialisées, allez comprendre...

Comme pour les crapauds, chez qui un petit mâle s'incruste, au propre comme au figuré, sur une grosse femelle, la plus petite est dessus. Elle agite frénétiquement ses minuscules pattes, tandis que l'autre se lisse nonchalamment les antennes. Puis la petite se met à remuer fébrilement du croupion, façon danse des canards. Et ça dure, ça dure...

Je finis par me sentir indiscrète et je me retire sur la pointe des pieds.

jeudi 16 juin 2011

La perle du jour

Vous avez remarqué comme je suis paresseuse? J'écris plus rien et à peine je lis. Mais de temps en temps je ramasse une perle qui me fait vraiment rire, de ce rire fêlé qui remplace le pleurer.

Aujourd'hui, la perle, c'est sur Bastamag. Un site que j'aime bien, que je vais voir régulièrement, parce qu'il sait articuler la militance écologique avec celle pour les droits humains conçus non pas comme un droit de "cause toujours", mais comme le droit de tous, sur toute la planète, à la vie. La vie et rien d'autre, le droit de manger des choses vraies, de respirer de l'air pur, de boire de l'eau non polluée, de se protéger du chaud et du froid, de s'éduquer, de se soigner. Le droit d'aimer.

Des petits malins se sont fait passer auprès d'une ONG environnementale pour un fabricant d'armes en quête de respectabilité: « Nous leur avons dit qu’une de notre principale stratégie pour préserver l’environnement était le recyclage des éclats d’obus des zones de batailles, que nous utilisions pour fabriquer de nouvelles bombes ». C'est trop gros, ils vont se faire jeter méchamment? Ben non. Mieux que ça: on va leur proposer d'adopter un rapace comme mascotte. Paraît que certaines espèces de rapaces sont en danger.

Pas toutes apparemment, en voilà une qui prospère! c'est pas sympa pour les rapaces, ma blague. Comme mascotte, on pourrait pas plutôt leur proposer un vampire? Avec des canines dégoulinant d'un sang verdâtre?

vendredi 10 juin 2011

Uranium ENRICHI à Falloujah?

J'ai entendu ça, cette information monstrueuse, sur France Info, et je ne le retrouve nulle part ailleurs. Aucune de mes promenades matinales sur le web ne fait référence à ça, à la possible expérimentation à Falloujah de NOUVELLES armes atomiques. Que des vieilles histoires (déjà assez terribles) d'uranium APPAUVRI, ce qui n'est pas du tout la même chose pourtant. Rien sur Google, rien sur rezo.net, rien sur @si. Au point que j'ai cru avoir rêvé.

Mais non, pas rêvé, c'est bien sur le site. Repris par personne, on dirait, en tous cas par aucun des sites où j'effectue mes promenades matinales.

Ohé? Ya quelqu'un?

mardi 31 mai 2011

Mensonges nucléaires

Un tout petit mensonge, mais qu'on nous serine en espérant qu'à force de le répéter il devienne vrai.

dimanche 29 mai 2011

Comme un cochon qu'on égorge

Deux expressions mystérieuses, parmi tant d'autres, ont accompagné mon enfance. On ne faisait pas de compliments aux enfants, c'était pas bon pour leur éducation. Il arrivait parfois, rarement, qu'une remarque particulièrement judicieuse "pour mon âge" attire l'attention d'un adulte. Une petite étincelle (admiration ironique) s'allumait alors dans ses yeux: "On f'ra kékchose de toi... si les ptits cochons te mangent pas". Moi, je savais pas trop si c'était du lard... ou du cochon, justement. Parce que la surprise admirative était instantanément effacée par la moquerie, et un zeste de menace. J'ai su plus tard qu'en effet, dans les anciennes fermes où cochons et enfants voisinaient en liberté et sans guère de surveillance, il arrivait qu'un tout petit ait de graves ennuis avec le cochon: c'est omnivore, un cochon. Mais dans la banlieue ouvrière où nous vivions, on ignorait tout des cochons. Ma grand mère en avait pourtant élevé un, et aussi une chèvre (pas ensemble, successivement) dans un petit appentis voisin de la maison, avec les poules et les lapins. Mais nous, jamais. Ma mère craignait les animaux, même les chiens et les chats, elle aimait pas trop. Alors un cochon....

L'autre expression, c'était quand, lors d'une dispute entre frangins et frangines, l'un de nous, vaincu et révolté, se mettait à hurler. "Comme un cochon qu'on égorge" disait ma mère. Ça non plus, je voyais pas bien ce que ça voulait dire. J'avais presque trente ans quand j'ai compris, vraiment compris. Un après midi d'automne, dans le village du Vercors où j'habitais alors, je suis alertée par des hurlements terrifiants, interminables. Impossible de faire autrement, je sors, je marche, je vais vers ce cri qui me guide, m'attire, m'épouvante et me fascine. Dans la cour de la ferme voisine, on est en train de tuer le cochon.

J'avais souvent vu mon grand père tuer les lapins. Mais là, rien à voir. Le lapin ne criait pas, ou alors, c'est que le pépé avait loupé son coup, il était pas content de lui, un lapin, ça se tue proprement. Mais un cochon, pas possible. D'abord, un cochon, c'est intelligent, ça comprend assez vite où on veut en venir. Et puis, c'est gros, c'est fort, un cochon. C'est violent. Celui-là, ils l'avaient attaché sur une échelle. Vaut mieux que l'échelle soit pas vermoulue. Quand je suis arrivée, il avait cessé de hurler. Une phase moins gore, plus technique commençait. C'est passionnant de voir dépecer un cochon. Pourtant, l'émotion a dû me brouiller la mémoire, je ne me rappelle pas grand chose: le ventre ouvert qui ressemblait à une planche d'anatomie humaine, les boyaux qu'on déplie et qu'on lave pour le boudin, le chaudron où l'on brasse le sang soigneusement recueilli, les quelques morceaux que l'on prélève pour les manger de suite, la fameuse fricassée qui fait du jour du cochon une fête. Tout le reste sera conservé. De la viande pour l'année, autrefois, dans ces montagnes paumées, de la viande qui coûtait pas cher. Le cochon recyclait tout, les patates trop petites pour qu'on les épluche, il serait rien resté, les épluchures, le petit lait, les croûtons trop durs, les restes de repas. Pour me prouver combien j'étais "chameau", ma mère racontait l'histoire des pâtes qui avaient fini dans "le seau du cochon": caprice pour ne pas les manger, puis tentative de les récupérer dans le seau, jamais contente!

Le cochon d'aujourd'hui n'a plus grand chose à voir avec ça. Souvent, il était seul, chaque famille avait le sien. On savait ce qu'il bouffait, à peu de chose près la même chose que ses maîtres. On l'aimait, ce cochon, compagnon d'une année, petit et rose, tellement mignon au début, puis grisonnant, massif et gras, éveillant alors une sympathie beaucoup moins désintéressée. Pour les paysans pauvres de nos montagnes, c'était l'assurance de manger un peu de viande tout au long de l'hiver. Bien grasse, la viande, car il en fallait du gras pour se réchauffer dans les maisons sombres et glacées, pour carburer aux durs travaux. Peu de viande, mais saine. Dans les vivres qu'on en tirait, jambon, saucisson, lard, boudin, on savait ce qu'il y avait. Je suppose bien qu'on lui donnait pas d'antibiotiques à ce cochon là. Pourtant, quand on raconte des histoires d'épidémies, de bêtes qui crèvent en nombre sans qu'on sache trop pourquoi, il est rarement question de cochon. Est-ce que les maladies épargnaient les cochons? Aujourd'hui les cochons sont élevés par milliers, dizaines de milliers, dans des usines, nourris de farines mystérieuses, gavés de médicaments préventifs, amputés de la fameuse queue en tire-bouchon des comptines pour éviter qu'ils se bouffent les uns les autres. Puis ils sont tués, silencieusement, à la chaîne, estourbis avant d'avoir pu comprendre (quoique?). Les charcuteries sont imprégnées de produits divers qui donnent aux jambons bas de gamme une consistance de caoutchouc. Le cochon pollue la terre, l'eau et la mer. La viande de cochon reste une des moins chères, le cochon continue à nourrir le peuple, mais à quel prix?

Comment, dans une culture qui a, pendant des siècles, tué rituellement le cochon, assumant sans angoisse ses hurlements désespérés et quasi humains, trouve-t-on aujourd'hui des plaisantins qui s'indignent de moutons qu'on égorge dans une baignoire et tentent de faire du cochon un quasi drapeau national? .

Un lien rigolo trouvé et rajouté le 30 mai, comme quoi mon histoire de cochons est en plein dans l'actu!

mardi 24 mai 2011

L'Espagne nous tend la main

Traduction du Manifeste de la Puerta del Sol (par Jean-Paul Brodier). J'ai trouvé ça sur le blog de Fabrice Nicolino, je suppose qu'on peut aussi le trouver ailleurs.

Nous sommes des gens ordinaires. Nous sommes comme vous : des gens qui se lèvent chaque matin pour étudier, travailler ou trouver un emploi, des gens qui ont une famille et des amis. Des gens qui travaillent dur pour procurer un avenir meilleur à ceux qui les entourent.

Certains parmi nous se considèrent progressistes, d’autres conservateurs. Certains parmi nous sont croyants, d’autres non. Certains parmi nous ont des idéologies bien définies, d’autres sont apolitiques, mais nous sommes tous inquiets et en colère au sujet du paysage politique, économique et social que nous voyons autour de nous : corruption parmi les politiciens, les hommes d’affaires et les banquiers qui nous laissent sans recours et sans voix.

Cette situation est devenue la norme, une souffrance quotidienne, sans espoir. Mais si nous assemblons nos forces, nous pouvons la changer. Il est temps de changer les choses, temps de construire ensemble une meilleure société. C’est pourquoi nous affirmons fortement que les priorités de toute société avancée doivent être le progrès, la solidarité, la liberté de la culture, la durabilité et le développement, le bien-être et le bonheur des peuples.

Voici des vérités inaliénables auxquelles nous devrions nous attacher dans notre société : le droit au logement, au travail, à la culture, à la santé, à l’éducation, à la participation à la vie politique, à la liberté du développement personnel, les droits des consommateurs pour une vie heureuse et en bonne santé.

L’état actuel de notre gouvernement et de notre système économique ne se soucie pas de ces droits et de beaucoup de façons s’oppose au progrès humain.

La démocratie appartient au peuple (demos = peuple, kratos = force), cela signifie que le gouvernement est composé par chacun de nous. Toutefois, en Espagne, la majorité de la classe politique ne nous écoute même pas. Les politiciens devraient porter notre voix aux institutions, permettre la participation des citoyens à la politique par des canaux directs qui apportent les plus grands bénéfices à l’ensemble de la société et non pas s’enrichir et prospérer à nos dépens, à l’écoute exclusive de la dictature des principales puissances économiques, ni les maintenir au pouvoir dans un bipartisme conduit par les acronymes inamovibles PP & PSOE.

L’appétit de puissance et d’accumulation de quelques-uns crée les inégalités, les tensions et les injustices, lesquelles conduisent à la violence, que nous rejetons. Le modèle économique anti-naturel et obsolète pousse la machine sociale dans une spirale de croissance qui la consume elle-même, enrichit quelques-uns et plonge les autres dans la pauvreté. Jusqu’à l’effondrement.

L’intention et l’objet du système actuel est l’accumulation d’argent, sans égard pour l’efficacité ni le bien-être de la société. Gaspillage des ressources, destruction de la planète, création de chômage et de consommateurs malheureux.

Les citoyens sont les rouages d’une machine conçue pour enrichir une minorité qui ne tient pas compte de nos besoins. Nous sommes anonymes, mais sans nous rien de cela n’existerait, parce que nous sommes les moteurs du monde.

Si, en tant que société, nous apprenons à ne pas confier notre avenir à une économie abstraite, qui ne restitue jamais les bénéfices à la majorité, alors nous pouvons mettre fin aux mauvais traitements dont nous souffrons tous.

Il faut une révolution éthique. Au lieu de placer l’argent au-dessus des êtres humains, nous le remettrons à notre service. Nous sommes des gens, pas des produits. Je ne suis pas le produit de ce que j’achète, pourquoi je l’achète et à qui je l’achète.

Pour tout ce qui précède, je suis indigné. Je pense que je peux le changer. Je pense que je peux aider. Je sais qu’ensemble nous pouvons. Je pense que je peux aider.

Je sais qu’ensemble nous pouvons.

jeudi 12 mai 2011

Doubler en dix ans?

« Nous ne réglerons pas les problèmes de la faim et du changement climatique en développant l’agriculture industrielle sur de grandes plantations », affirme Olivier De Schutter. « Il faut au contraire miser sur la connaissance des petits agriculteurs et sur l’expérimentation, et améliorer les revenus des paysans afin de contribuer au développement rural. Un soutien énergique aux mesures identifiées dans le rapport permettrait de doubler la production alimentaire dans les 5 à 10 ans dans des régions où la faim sévit. La réussite de la transition à mener dépendra de notre capacité à apprendre plus vite des innovations récentes. Nous devons aller vite si nous voulons éviter une répétition continue des crises alimentaires et climatiques au cours du 21ème siècle. »

Je cite Fabrice Nicolino qui lui-même cite un rapport rendu à l'ONU par Olivier De Schutter, Rapporteur Spécial depuis mai 2008 sur le droit à l’alimentation, nommé par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.

Du coup, je crée une nouvelle catégorie, "Espoirs", sur mon blog.

mardi 10 mai 2011

Trombinoscope

J'avais accordé une attention très superficielle aux élections cantonales. Comme je l'ai dit ailleurs, contrairement à ces catholiques qui se disent "croyants, mais pas pratiquants", je suis en matière de religion électorale pratiquante mais non croyante. Or, je viens de recevoir le numéro de mai de la revue de "mon" conseil général. Un magnifique trombinoscope en couverture. La nouvelle assemblée départementale. Et là, ça me frappe comme une gifle: des mecs, rien que des mecs. J'y crois pas. Je vérifie et je compte. Soixante photos. Huit photos de femmes.

On peut rajouter que nombre d'entre eux ont bien sûr dépassé la cinquantaine, et que, côté minorité "visible", comme ils disent, c'est plutôt invisible.

ET C'EST POUR ÇA QUE J'AI VOTÉ!

mercredi 4 mai 2011

Éclaircissements

J'ai l'occasion de feuilleter parfois la revue Prescrire, rendue momentanément célèbre par le scandale du Médiator. Momentanément, paske bon, on a pas que ça à faire, ya des mariages princiers, des béatifications, des assassinats politiques qui méritent notre attention bien davantage que quelques pékins (pékines?) pas bien malins qui ont essayé de maigrir sans se préoccuper de leur régime alimentaire, dont certains sont morts, d'autres gravement malades à vie, et le plus grand nombre (de quoi ils se plaignent ceux-là?) "simplement" angoissés à l'idée que ça va peut-être leur tomber dessus, mais peut-être pas, et dans ce cas, de quoi ils se plaignent, hein? (bis). C'était sur ordonnance, vous dites? Ordonnance de médecins diplômés, inscrits au Conseil de l'Ordre, soucieux de s'informer régulièrement et de se former tout aussi régulièrement, grâce à la grande générosité des laboratoires, ayant fait le serment d'Hippocrate? Vendu en pharmacie, avec des pharmaciens tout aussi diplômés (mais je sais pas si ya un serment d'Hippocrate pharmaceutique)?

C'est ennuyeux, tout ça, parce que ça risque de saboter la nécessaire confiance que les malades doivent avoir en ceux qui les soignent, médecins, pharmaciens et labos, et en ceux qui les protègent (mal) d'éventuels margoulins, agences de ceci ou de cela.

Et voilà que Prescrire, non seulement ne se repent pas d'avoir altéré cette indispensable confiance, mais remet le paquet sur un autre terrain (de quoi je me mêle, c'est pas des médocs!) celui des cosmétiques éclaircissants. Apprenez, si vous l'ignoriez encore, qu'il y a d'autres moyens que les quotas pour "éclaircir" une équipe de foot un peu trop colorée: des crèmes, qu'on se tartine sur le visage et le corps. Descendez du métro à Barbès (et je suppose dans d'autres stations particulièrement ciblées on se demande pourquoi) vous verrez s'étaler sur les murs de l'escalier de sortie toutes sortes de pubs concernant ces dispensables substances.

Prescrire leur consacre un dossier de sept pages dont rien que les titres vous donnent la chair de poule: "Beaucoup d'effets indésirables graves" "Atrophies cutanées" "Effets systémiques des corticoïdes" "Intoxication mercurielle". Pas chiens, ils terminent par "etc...". Pour moi, etc... c'est broutilles et compagnie. En réalité, lisant l'article, je constate que certains des effets non mentionnés sont moins fréquents, mais plus graves, genre "Quelques observations de carcinomes cutanés" ou "syndromes néphrotiques". Bon, ben... c'est le moment de remercier dieu de m'avoir fait naître blanche, à défaut (le salaud), de ne pas m'avoir fait naître homme. Le gag, c'est que nombre des effets plus superficiels... sont particulièrement inesthétiques, vergetures, pigmentation inhomogène, acné, nodules... bref la plaisanterie renouvelée de l'aspartame qui fait grossir ou des produits de beauté qui accélèrent le vieillissement de la peau.

Le dernier titre est celui qui tue: "Mettre en garde les utilisatrices en âge de procréer". Ah bon? Pourquoi? L'article commence par "Les femmes utilisant des cosmétiques éclaircissants sont souvent jeunes et en âge de procréer". Évidemment, comme le note élégamment un commentateur masculin (Olivier, 7h38) à propos d'une autre pratique "cosmétique", quand on est vieille, moche et qu'on a du poil aux pattes, on se soucie comme d'une guigne de s'améliorer le faciès ou autre chose en se tartinant au mercure, aux phtalates ou aux parabènes. On se résigne, et basta. Bref, l'article continue: "Les substances qu'ils contiennent sont nombreuses, de nature souvent inconnue, et sont susceptibles de traverser la peau et le placenta". Avec, comme conséquences, des malformations parfois graves pour un éventuel enfant.

Bon, là, je sens que vous avez votre dose. Je voulais poursuivre sur les "perturbateurs endocriniens", mais bah, j'ai pitié. C'est le printemps, les scarabées dorés volent bas et lourd, les papillons se multiplient, un oiseau a fait son nid sous mon toit, mes pommes de terre font vingt centimètres, mes carottes dix, les coquelicots sont en fleurs (j'allais écrire en pleurs, comme quoi mon optimisme est un peu surfait). Je vais repiquer la moitié de mes plants de tomates, gardant l'autre moitié en réserve au cas où saints de glace et lune rousse seraient en embuscade derrière ce printemps particulièrement précoce et peu arrosé.

Mon jardin m'appelle, j'y retourne.

mardi 26 avril 2011

Plein de vide

La semaine a été bien remplie. Ce matin, la chambre des enfants est vide. Le chariot où on promenait les deux petites princesses est vide. Le bac à sable est vide. Les deux bassins, vidés au début de la semaine, se remplissent lentement.

Ça fait drôle, une si grande maison toute pleine de vide...

vendredi 15 avril 2011

L'emploi ou la vie?

Ça va créer des emplois, prétend-on pour nous faire accepter la dernière lubie destructive et polluante des transnationales qui nous gouvernent désormais, par élus interposés.

Ça détruirait des emplois dit-on (à voix basse, désormais, hein, parce que depuis l'amiante on ose plus trop la ramener sur ce thème) quand on refuse de remettre en question la fabrication et l'usage de produits chimiques dont les effets sur la vie sont de moins en moins discutables. Quoique pas prouvés, hé, pour prouver faudrait chercher, et qui financera de telles recherches?

Devinez qui donne du travail, en échange, peut-être, de leur vie, à 20.000 personnes qui font du tourisme laborieux sur tout le territoire de notre si belle France?

Si vous donnez votre langue au chat, voici un des derniers articles sur ce thème. Il y en a d'autres, mais pas tant que ça. Il y a surtout un roman, intitulé "La Centrale" que je vous recommande.

Si après ça vous avez envie, ou plutôt besoin de rire, essayez la chronique d'Anne Sophie qui tranche avec tant de morosité. Dommage, c'est réservé aux abonnés de "Arrêt sur images". J'ai voté pour qu'elle passe en libre accès, j'espère être suivie, c'est en effet d'utilité publique de nous faire rire de bon matin.

mercredi 13 avril 2011

La banalisation du nucléaire

Je suis en train de lire un vieux livre, La supplication, de Svetlana Alexievitch. Il commence par le témoignage de la femme d'un des tout premiers "liquidateurs" de Tchernobyl. Il continue par d'autres témoignages, ceux qu'on a obligés à partir, ceux qui ont tout fait pour rester (les vieux, crever pour crever autant crever chez soi, comme je les comprends), et d'autres, beaucoup d'autres. Je crois pas que j'arriverai au bout. Je crois que je vais me contenter de lire quelques sous-titres, le contenu est insoutenable, ce contraste entre l'horreur et la tristesse fataliste des témoignages.

Alors, chipoter sur la définition du millisievert pour savoir si oui ou non je peux manger les épinards que je viens d'acheter au marché, hein... On peut même plus utiliser le mot "indécence", il est contaminé par les pro-nucléaires.

dimanche 10 avril 2011

IVG: Elles vont bien, merci. Mais...

Le blog vient d'ouvrir. Quelques témoignages, déjà. De femmes qui ont avorté, qui n'ont jamais regretté leur décision, qui vont bien aujourd'hui, cinq ans, dix ans, vingt ans plus tard. Mais qui n'ont pas oublié qu'on les a traitées comme des coupables, qu'on ne s'est pas soucié de leur douleur. Qu'on leur a bien fait sentir qu'une patiente venue pour une IVG n'a pas droit aux mêmes égards que les autres.

D'autres témoignages vont venir enrichir le contenu de ce blog. Vous pouvez y participer si vous le souhaitez. Ne laissez pas d’informations qui, croisées, permettent de vous identifier (sauf si vous y tenez) mais dites-nous un peu qui vous étiez à ce moment-là (âge, catégorie professionnelle, situation sentimentale…). Notre liberté d'avortement est contestée, soit ouvertement par les commandos anti-IVG à la porte des hôpitaux, soit plus sournoisement par des embûches, des délais, des fermetures de centres parmi les plus respectueux, des comportements peu déontologiques, soit encore par une dramatisation orchestrée, les femmes ne s'en remettraient pas, le nombre d'avortements serait en hausse (faux) il toucherait de plus en plus d'adolescentes (très légère augmentation d'un chiffre déjà bas, mais comment l'analyser?).

Jamais on ne rappelle que le nombre d'avortements clandestins, on ne l'a jamais su. Les 343 l'évaluaient à un million. D'autres parlaient de 500.000. Aujourd'hui, c'est 220.000, et le chiffre stagne, car si le nombre des grossesses imprévues baisse, signe d'une contraception plus efficace, elles sont plus souvent interrompues qu'avant. Ce qui est sûr, c'est qu'on n'en meurt plus.

Combien en en mouraient, combien en restaient stériles ou durement traumatisées, à l'époque des avortement clandestins, en clinique privée à l'étranger pour celles qui avaient les moyens et les relations, chez une avorteuse plus ou moins propre pour celles qui réussissaient à réunir le fric nécessaire, ou par leurs propres moyens, parfois aussi barbares qu'inefficaces pour les malheureuses sans appui et sans argent? On ne l'a jamais vraiment su non plus.

J'ai comme le sentiment que certains voudraient revenir à cette époque bénie des dieux. Vigilance et détermination, ne laissons pas faire.

jeudi 7 avril 2011

Un petit nuage rose

Sur ma pelouse, sous les arbres, flotte un petit nuage rose. À environ dix centimètres du sol. Depuis la fin janvier, après les perce-neige, les fleurs se succèdent, chaque année dans le même ordre. Violettes et primevères, bien sûr. Puis les jonquilles sauvages, apportées sous forme de bulbes il y a des années, mais qui se trouvent bien chez moi et s'étendent régulièrement. Deux espèces voisines des primevères s'invitent alors: le fameux "coucou", primevère médicinale dont je ramasse toujours quelques fleurs pour des tisanes futures, et une autre dont j'ai oublié le nom exact, la "grande primevère" peut être. Elle ressemble au coucou, mais ses fleurs sont plus pâles et plus étalées. Ah, j'allais oublier: des anémones, blanches, assez petites, qui entourent le pied de certains arbres. En forêt, on les trouve partout en ce moment, formant de véritables tapis. Anémones sylvestres? Peut-être bien.

Tiens, à propos de coucou: je l'ai entendu avant hier pour la première fois de la saison. Je descendais la prairie sous la maison pour rejoindre le petit chemin qui mène à la place du village où nous avons rendez-vous tous les mardi après midi pour le départ de notre randonnée. Et j'avais donc dans ma poche les deux euros qui servent à payer le co-voiturage et le café/tisane/gâteaux qu'on prend en route. Des sous dans la poche quand chante le premier coucou, me voilà riche pour l'année, quelle chance!

Revenons à mon petit nuage rose: de ces fleurs aussi, j'ai oublié le nom. Elles sont comestibles, un petit goût poivré de roquette, et je ne passe jamais dans l'allée sans y goûter. Pour le passage de la tondeuse, je temporise toujours: interdit de les couper avant la graine. C'est d'ailleurs pour ça que j'en trouve désormais à des endroits où elles n'étaient pas de prime abord, probable que la tondeuse les a dispersées un peu partout.

Un petit nuage rose qui flotte sur une prairie, par les temps qui courent, c'est pas à dédaigner, hein?

mercredi 6 avril 2011

Une affaire de femmes

Elles sont déjà 343, clin d'oeil à 1971. Elles vont bien, merci. Allez lire, allez signer leur texte.

On a fêté hier l'anniversaire de ce coup d'éclat de 343 femmes ayant avorté illégalement et le revendiquant publiquement. Un an plus tard, le procès de Bobigny. En 1973, le manifeste de 331 médecins déclarant avoir pratiqué des avortements illégaux et continuer à le faire. Puis, pendant deux ans, des milliers de militants et de militantes du MLAC entrant dans la désobéissance civique, pratiquant et aidant à pratiquer des avortements par la méthode Karman, découvrant ébahi(e)s la simplicité d'un acte dont tant de femmes étaient pourtant mortes, victimes d'une loi scélérate. Enfin, en 1975, la loi Veil, victoire en forme de retour à l'ordre.

Je fais partie de la génération pour qui la loi Veil a été une immense victoire, qui s'est battue pour ça. Si vous la relisez, la loi Veil, vous verrez pourtant que bof, elle mérite pas l'honneur qu'on lui fait. elle est bien restrictive, bien moraliste. Pleine de précautions oratoires, on devine l'intensité de la pression des anti. Elle dit, textuellement que peut solliciter de son médecin une IVG:

"La femme enceinte que son état place dans une situation de détresse..."

Dès le début de l'application de cette loi, nous avons dû ferrailler de nouveau contre ceux qui voulaient estampiller notre détresse, nous avons dû lutter pour faire reconnaître que seule la femme pouvait juger de son propre état de détresse, que le seul fait d'être enceinte contre sa volonté pouvait mettre dans une situation de détresse.

Nous avons gagné, car la loi ne demandait pas, en effet, des preuves de détresse, mais précisait au contraire:

"Une femme s'estimant placée dans la situation visée à l'article L. 162-1... "

Cependant, nous avons dû, en permanence, affronter deux types opposés d'arguments sournois. Le premier, que les femmes allaient, scandaleusement, avorter comme on prend le thé, avec des petits fours. "Tu comprends, j'ai connu une femme qui avortait parce qu'elle préférait changer de canapé, ayant pas les moyens de faire les deux". Ah bon, une femme qui préfère un canapé à un enfant, faut l'obliger à faire un enfant? Merci pour le môme, hein! Je jure que l'histoire du canapé est véridique. Yavait aussi celle de la bonne femme qui veut se baigner sur la côte d'Azur aux prochaines vacances, à l'époque pas question d'exhiber son gros ventre sur une plage. Elle en refera un dans six mois. Bah!

L'autre catégorie d'arguments, c'était que l'avortement était et resterait un drame affreux. Quand même un infanticide, quoi. Qu'aucune femme n'en sortait indemne, que le remords allait la poursuivre, la rattraper, la terrasser. Faut quand même choisir, hé? Ou bien elles s'en foutent complètement (les salopes!) ou bien ça ruine leur vie à tout jamais (les malheureuses!). Ben, les deux, tiens. d'abord elles avortent, comme des connes, sans y accorder d'importance. Ensuite, la punition divine, schlak, dans ta face!

Quarante ans après, qui revoili-revoilou? Les mêmes, rien appris, rien oublié.

On a quand même gagné ça, les filles, on n'en meurt plus.

Mais soyons vigilantes, ils sont bien capables de faire que l'avortement redevienne un drame qui brise les vies, ça les défrise que ce soit devenu quasi sans danger. Ils aimeraient bien qu'on recommence à trembler d'angoisse au moindre retard de règles.

De très vieilles ombres sont de retour et nous fixent sans trembler.

mardi 5 avril 2011

Harcèlement à l'école

Ça date de douze ou treize ans, alors ya prescription, hein?

Un soir, à table, je remarque un bleu sur le visage de mon fils. Je m'étonne, il me dit d'un air un peu gêné qu'il est tombé. Tombé? Son frangin ricane: il est pas tombé, il s'est battu. Battu? Le petit baisse le nez. Nous n'avons jamais interdit à nos enfants de se battre, certes, mais justement, ya pas besoin, on n'a même pas eu à y penser.

Il est en sixième, ou peut être en cinquième. Un visage fin, des yeux bleus innocents dont il sait fort bien jouer à l'occasion, des cheveux mi longs (mea culpa, je suis un peu négligente sur ce point). Depuis quelques temps, un groupe de petits tyrans l'a pris en grippe. Ils féminisent son prénom, le raillent, le bousculent. Vous connaissez le truc du demi tour avec cartable? Un cartable bien lourd sur le dos, vous passez tout près du copain, l'air de rien, puis vous faites brutalement volte face, le gamin se prend un coup violent. Il vous reste à prétendre "pas exprès, m'sieur" si on vous voit, puis à vous marrer en douce.

Victime de sa "bonne" (?) éducation, le môme encaisse. Puis un jour, il en a marre, se précipite sur ses tortionnaires, distribue ses coups un peu au hasard, en prend davantage d'où quelques bleus dont un visible. Il n'a pas le dessus, certes, surtout contre deux ou trois mieux entraînés que lui. Mais bon. Quelques jours après, je lui demande des nouvelles. Ses agresseurs le laissent désormais tranquille.

Ils s'en prennent à un autre.

L'année suivante, nous sommes convoqués par le proviseur. Un enseignant qui remplace provisoirement le titulaire, parti en formation, et qui prend sa mission très au sérieux. Une fille s'est plainte, ou plutôt ses copines. Démoralisée par les sournoiseries d'un petit groupe de garçons qui ne cesse de s'en prendre à elle, elle n'en peut plus, sanglote dans les coins, et ses copines font ce qu'elle n'ose ou ne veut pas faire, elle alertent l'enseignant. Ça remonte au proviseur. Notre fils, cette fois, fait partie des agresseurs. Pas méchants, non, ils ne frappent pas. Simplement de petits coups d'épingle, incessants. On rigole, quoi.

Bien entendu, nous allons remettre les pendules à l'heure avec notre fils. Lui expliquer que rigoler DE quelqu'un c'est pas pareil que rigoler AVEC quelqu'un. Que se mettre à plusieurs contre un, même si on frappe pas, c'est pas très honorable.

Je dis au proviseur que j'approuve complètement sa démarche. J'ajoute simplement que si, l'année précédente, quelqu'un avait fait ce même travail... Bon, vous allez me dire que les enseignants ne peuvent avoir les yeux partout. Que les surveillants... ben justement: allant chercher un jour mon enfant à la fin du repas, je vais errer un bon quart d'heure dans un collège apparemment vide d'adultes avant de trouver quelqu'un à informer de son départ. Plusieurs centaines d'enfants en roue libre. Qui, ma foi, se comportent plutôt bien, merci pour eux.

Je suppose qu'aujourd'hui, avec le progrès, on aura installé des caméras de surveillance?

samedi 26 mars 2011

N'être

J'ai reçu ça:

Amel est une jeune mère de famille, elle élève avec son mari deux charmantes petites filles. Lui travaille comme ouvrier, elle reste à la maison pour s'occuper du dernier né de trois mois. Leur séjour en France est totalement légal : ils disposent d'une carte de séjours de dix ans. A la cité des Francs-Moisins, à Saint-Denis, où ils habitent, tout cela est relativement habituel, du moins on pourrait le croire, car cette famille vit en fait un cauchemar : leur nourrisson est un « touriste de passage pour 3 mois ».

Amel est enceinte de sept mois quand elle doit partir en urgence en Algérie au chevet de sa mère gravement malade. Elle ne sait pas que ce voyage la conduira dans un monde kafkaïen. Elle accouche prématurément en Algérie à sept mois. Après cet épisode difficile à vivre, elle a hâte de rentrer auprès de sa famille. Hélas, la loi française ne le permet pas. Son enfant étant né à l'étranger, elle ne peut le ramener directement. Elle doit attendre un visa provisoire pour l'enfant, si elle veut revoir ses filles. Sinon, elle doit entamer une procédure de rapprochement familial. Amel s'effondre. Elle vit une dépression. Il faut absolument rentrer. Son mari et ses enfants lui manquent. Elle choisit le visa. Le retour à la maison ne résout pas le problème, loin s'en faut : une cascade de difficultés l'attend. La préfecture lui signifie qu'au terme du visa, elle doit retourner en Algérie et demander pour l'enfant le regroupement familial, ce qui peut prendre beaucoup de temps. En France, le bébé n'a aucun droit, même pas celui d'être rattaché à la Sécurité sociale de son papa, puisqu'il y est en séjour provisoire.

C'est cette situation qu'Amel me raconte un soir de janvier, quand elle m'amène le bébé qui a de la fièvre. Je le soigne et, bien forcé par la situation, je rédige l'ordonnance au nom de sa grande sœur en espérant que le pharmacien ne tiquera pas trop sur la posologie inadaptée.

Et je m'indigne ! Comment cela est-il possible ? Cet enfant a un papa qui travaille, qui cotise à la Sécurité sociale, qui a des droits. Je me renseigne auprès des personnes connaissant mieux que moi ces situations : eh bien, non, cet enfant n'a pas de droit, car il a eu le tort de naître où il ne fallait pas. Nous faisons le « forcing » à la CPAM du 93 pour procurer une couverture sociale à ce bébé car, si par malheur il devait être hospitalisé, le coût serait rédhibitoire. Il faut du temps et de la pugnacité, mais heureusement, nous y arrivons, car aujourd'hui, l'enfant est hospitalisé pour une infection des voies respiratoires. Mais cela ne change pas la situation du bébé qui va bientôt être clandestin, puisque tout le monde conseille à Amel, même les institutions sociales, de ne pas retourner en Algérie.

De toute façon l'état psychologique d'Amel ne le permet pas, état psychologique encore plus aggravé par la décision de la Caisse d'Allocation Familiale, qui demande le remboursement de la prime de naissance (eh oui, il y a là suspicion de fraude !) et qui, pour être certaine d'être remboursée, supprime le versement des autres prestations. Nous supposons que, comme d'habitude, quand il y a un problème déclaratif ou autre, la CAF suspend tout les allocations, fait son enquête, et prend sa décision. On remarquera qu'habituellement, en vertu des principes constitutionnels, il faut d'abord faire l'instruction avant de prononcer le jugement, mais pour la CAF, les principes constitutionnels sont accessoires ! Outre que la suppression arbitraire des prestations auxquelles elle a droit enfonce un peu plus cette famille dans la précarité, la violence institutionnelle qu’elle traduit projette Amel et les siens dans l’incompréhension et la détresse.

Comment en est-on arrivé là ? Dans quel monde vivons-nous, pour fabriquer des bébés clandestins ? Quelle faute Amel a-t-elle commise pour être autant punie ?

Je voudrais connaître celle ou celui qui au consulat de France a refusé de délivrer les papiers à cette jeune mère de famille. Il ou elle a appliqué la loi, me dira-t-on. Quelle loi ? Celle qui est écrite sur le fronton de son bâtiment : liberté, égalité, fraternité ou celle d'un Etat français redevenu ouvertement xénophobe. Je voudrais comprendre ce qui se passe dans la tête de tous ces acteurs de la préfecture qui, au nom de la France, perdent leur humanité. Les lois et les règlements ne cessent de brimer les étrangers. La France a-t-elle si peur qu’elle doive craindre la venue sur son territoire d'un nourrisson de trois mois ? Voit-elle en lui un possible perturbateur de l'ordre public ?

Comment peut on oublier à ce point les missions et les valeurs de la protection sociale, pour que la CAF se conduise de cette manière, est-ce le poison de la suspicion face à la fraude qui provoque ce comportement d'exclusion ?

Que puis-je dire à cette famille ? Que ce monde est devenu fou, de cette folie qui conduit à ne plus savoir faire la part des choses. Que la loi fixe les conditions de la vie en société, mais qu'elle n'est jamais à l'abri de devenir stupide et ignoble dans son application. Que la citoyenneté que les hommes et les femmes politiques prétendent défendre n'existe pas pour un bébé né de parents maghrébins.

La loi que nous allons appliquer pour cet enfant, c'est la loi de la cité, celle qui est faite de solidarité, de soutien, d'amour et de fraternité. Et nous allons nous mobiliser pour rendre à ce bébé ses droits, pour que son arrivée dans la vie ne soit pas à jamais marquée par la culpabilité d'être né où il ne fallait pas.

Docteur Didier Ménard Médecin généraliste à la cité des Francs-Moisins à Saint-Denis

Ce texte, vous pouvez le retrouver sur le site du syndicat de la médecine générale qui soutient l'initiative du docteur Ménard par un communiqué de presse. Exceptionnellement, au lieu de donner simplement le lien, j'ai souhaité le recopier in extenso. Si, grâce à ce soutien, Amel et sa famille obtiennent de retrouver la paix, n'oublions pas tous les autres, qui n'ont pas la chance de rencontrer un être humain déterminé à les aider, et qui s'enfoncent jour après jour dans le désespoir.

Quand on lui arrachait une régularisation, notre préfet disait cyniquement qu'il en expulserait un autre, inconnu de nous....

Cette planète... tu l'aimes ou tu la quittes?

vendredi 25 mars 2011

Préférence nationale... pour l'atome

Pas bien mon habitude, d'aller rôder sur le site du Front National. Je l'ai pourtant découvert récemment, et je dois dire qu'il est pas mal. Simple et de bon goût, étonnant, non? Allons, brisons les tabous, cliquons sur "Programme". Apparaît un fort joli damier de photos, suffit de cliquer une deuxième fois, tiens, sur "énergie". C'est de saison, non, au moment où le Japon perd complètement le contrôle de ce qui se passe dans les enceintes à trous de ses monstres nucléaires, et plus particulièrement du réacteur alimenté en MOX, ce carburant futuriste fourni par AREVA et dont l'extrême instabilité, en cas de catastrophe, redouble la dangerosité.

Poursuivre l’effort sur l’énergie nucléaire : les filières de 3e et 4e générations seront programmées, la construction du surgénérateur sera relancée et les études sur le Thorium 232 reprises. Parallèlement toutes les recherches permettant de transformer les produits de fission (déchets haute-activité issus des anciennes et actuelles filières) en produits de période courte seront accélérées. Le projet ITER sur la thermofusion nucléaire contrôlée sera bien sûr largement encouragé et soutenu.

Bah, au moment où tous nos politiques font des contorsions pour dire que oui, mais non, on peut pas s'en passer, mais on va tout passer au peigne fin, ayez confiance, ayeeeez confiaaaance, on peut pas leur reprocher la langue de bois, hein?

Mourir, pour la Patri-i-e (bis), c'est le so-ort le plus beau, le plus di-igne d'envi-e (bis)

mercredi 23 mars 2011

"Qui a tué l'écologie" de Fabrice Nicolino

Il commence bien, le dernier bouquin de Fabrice Nicolino:

"Un spectre hante désormais le monde de l'écologie, et c'est celui de la mignardise" La mignardise? C'est à dire? "Il faut être gentil, constructif, bienveillant, positif, bien élevé".

Vous savez quoi? Je me sens un peu visée. C'est tellement plus sympa d'être sympa. Sauf qu'après la lecture du bouquin, me vient une image, celle d'une fable de La Fontaine, "Le lion amoureux" je crois. Le lion amoureux demande la main d'une bergère. Son futur non-beau père, n'osant le mécontenter d'un refus frontal, le persuade amicalement de se laisser rogner les ongles et limer les dents. Il suffira ensuite de lâcher sur lui quelques chiens pour s'en débarrasser sans mal.

Fabrice Nicolino annonce plus loin la couleur, sa couleur, que ceux qui suivent régulièrement son blog et ses bouquins connaissent très bien: jamais content, toujours fâché. Il a pour cela un bon motif: "Il est à mes yeux certain que la crise de la vie sur terre commande tout. Devrait commander toutes les actions humaines". Tout est dans ce "devrait". Car, manifestement, la crise de la vie sur terre est très loin de commander toutes nos actions. Or, il y a urgence, et nous perdons un temps précieux, qui nous rapproche du point de non retour.

Encore une citation? "Je fais partie de ceux qui veulent refonder le monde sur des bases humaines. Un tel programme est devenu extrémiste, mais je n'y suis pour rien."

Tout au long de presque 300 pages, le livre va nous présenter les acteurs du Grenelle de l'environnement. Les "officiels", d'abord. Jouanno, Kosciusko-Morizet, Borloo. Portraits au lance flammes. Au passage, il rappelle ce que furent les accords de Grenelle en 1968: la fin d'un beau feu d'artifice, finie la récré, bouquet final et tout le monde à la niche. Puis élections, une écrasante majorité de droite submerge l'assemblée nationale. Les étudiants, dont beaucoup ne votaient pas, la majorité était alors à 21 ans, en sont restés sur le cul, comme devant le spectacle d'un immense prestidigitateur, l'émerveillement en moins. La rage plutôt. Du coup, la résurgence de ce mot de Grenelle prend tout son sens.

Puis il passe à quatre des "invités", quatre puissants mouvements écologiques ayant participé à ce Grenelle. WWF, Greenpeace, la Fondation Hulot et France Nature Environnement. Leur histoire, leur évolution, leurs oeuvres.

Aux amis du WWF, Fabrice Nicolino déconseille le chapitre 3. Je le leur conseillerais plutôt. car, tant qu'à donner de son temps et de son énergie, et de nombreux militants de base en donnent beaucoup, à une institution, autant savoir ce qu'elle en fait in fine. Je vais pas tout vous raconter. Sur deux thèmes, Fabrice Nicolino est implacable et indiscutable. Ce qui lui donne pas mal de légitimité sur les autres sujets. Le soja "responsable" (et transgénique), il en a déjà parlé dans le bouquin intitulé "Bidoche". Pour faire court, nous nourrissons notre bétail avec des aliments volés aux pays pauvres. Les biocarburants, c'est dans "La faim, la bagnole, le blé et nous" qu'il en a détaillé les ravages: nos voitures se mettent, elles aussi, à affamer le monde. On peut rajouter le sucre en monoculture, l'huile de palme, grosse consommatrice de forêts primaires, le ciment. Le tout assaisonné de plein de liaisons dangereuses avec de grandes transnationales en quête de respectabilité. Comme il a l'air triste, le petit panda, quand je termine le troisième chapitre...

Greenpeace a une belle histoire. Et qui résonne fort avec l'actualité. Au point de départ, un "Marine's" qui démissionne quand il apprend Hiroshima, et se lance, avec sa femme Sylvia, dans une croisade pacifiste. Ils protestent activement (deux mois de taule quand même, hé?) contre les essais nucléaires atmosphériques des îles Marshall. C'est un marin, alors il fait avec ce qu'il connaît, les bateaux. Le relais sera pris par d'autres, sur terre et sur mer, toujours contre le nucléaire et les dangers qu'il fait courir, surtout en zone sismique. Jusqu'aux "cinglés du Phyllis Cormack" (je crois que Fabrice Nicolino a une tendresse pour les cinglés) qui seront à l'origine du nom et du mythe. Comment expliquer que, partie de militants qui ont fait beaucoup avec peu, une association dérive jusqu'à ne pas faire quelque chose dont elle a pourtant les moyens? Je vous laisse découvrir. Sur l'Afrique, sur les biocarburants, Fabrice Nicolino, qui a travaillé avec eux, n'a pas réussi à les motiver. Pourquoi?

Sur Nicolas Hulot, Fabrice est presque indulgent. Après tout, il a "bougé", alors qu'il avait une position tranquille, confortable, installée, dont il lui suffisait de toucher les dividendes. Au sens figuré, mais aussi au sens propre, car ses "liaisons dangereuses", industrielles, médiatiques et politiques sont innombrables et (in)conséquentes. Liens qu'il n'a pas rompu en se convertissant à l'écologie, liens qu'il imagine utiles à son combat alors qu'il sont incompatibles avec lui. Ah, tiens, quelque chose qui me parle en tant que femme: Nicolas Hulot a rassemblé un "Comité de veille écologique", composé de vingt sept membres. Dont une femme. Blancs, mâles, vieux et riches. Je triche un peu, riches, j'en sais rien, et ça se voit pas sur la photo. Mais notables, sûrement.

À propos de France Nature Environnement, (dont il fait partie par l'intermédiaire de l'association "Bretagne Vivante"), Fabrice Nicolino écrit: "Chacun sait que les nitrates jouent le rôle premier dans la prolifération des Algues vertes. Or, 96% des nitrates qui arrivent sur le littoral breton proviennent des engrais agricoles et des déjections des animaux d'élevage. Mais FNE préfère parler de la lessive et des particuliers, dont l'effet sur les marées vertes est dérisoire." Et la récente actualité semble le démentir: FNE vient de se faire un joli coup de pub en sortant six affiches, dont deux censurées à l'affichage. Une surtout, qui concerne les algues vertes, et qui fera une belle carrière sur internet. Le petit garçon jouant dans la "verdure". Sauf que, du coup, on comprend mieux pourquoi ils ne le faisaient pas. Subventions menacées, procès, pressions locales plus que virulentes voire procès ET pressions...

"Un fil à la patte"? Ou une lourde chaîne? Ou, plus simplement, la corde qui peut aussi bien "soutenir" que pendre?

Dans la suite du bouquin, il sera question d'être à la fois aveugles, sourds et muets, de "couteau sans lame", de développement insoutenable. Un bon résumé de la situation: "...pleurnicher chaque matin sur la destruction de la planète, avant d'aller s'attabler le midi avec l'industrie, dont le rôle mortifère est central, puis d'aller converser avec ces chefs politiques impuissants,pervers et manipulateurs qui ne pensent qu'à leur carrière avant de signer les autorisations du désastre en cours."

Selon Fabrice Nicolino, le salut pourrait venir (s'il vient) des jeunes, qui sont l'avenir (et qui vivront plus longtemps que nous dans ce monde de fous), et des gueux, paysans pauvres d'Afrique ou de l'Inde, "mingong", vagabonds chinois qui sont 200 millions, Inuits, Indiens d'Amazonie, indigènes des ïles Andaman. Pour ce qui est de notre petit pré carré, hexagonal je veux dire; il ne jette pourtant pas complètement l'éponge: "Voici venu le moment de vérité. Il va falloir se lever, ou se taire.

Vous aurez compris que ce livre m'a passionnée et bouleversée. Je dois rajouter un élément important, qui est la marque de fabrique des bouquins de Nicolino: une impressionnante documentation, très précise, historique et actuelle, beaucoup de noms, de faits, de dates. Ce qui aurait pu être de l'esbroufe en d'autres temps est désormais une marque indiscutable de sérieux: des procès innombrables guettent les imprudents, et on peut passer dix ans de sa vie à galérer pour une histoire de virgule. Demandez à Denis Robert.

samedi 12 mars 2011

Nucléaire sous contrôle au Japon?

Nucléaire sous contrôle, on sait pas. Information sous contrôle, probable. On voit affleurer, au compte gouttes, ici et là, quelques sujets de perplexité.

Pour les mauvais esprits qui trouveraient suspectement lénifiantes les infos qui nous parviennent sur le nucléaire japonais, voici quelques infos moins soft.

A moins que vous ne "préfériez" celles-ci.

Mais par quelle aberration un pays qui a vécu Hiroshima et Nagasaki a-t-il pu....

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