mercredi 9 mars 2011

Notre poison quotidien

Réservez votre soirée du mardi 15 mars. Marie Monique Robin, à qui nous devons déjà "Le Monde selon Monsanto", livre et film, récidive avec "Notre poison quotidien". Le film passe sur ARTE le mardi 15 mars à 20h40, le livre publié aux éditions La Découverte est en librairie depuis le 7 mars. Et pour vos petites soirées entre amis (buffet bio de rigueur pour que la fête ne soit pas complètement gâchée), le DVD sortira le 23 mars chez Arte Vidéo.

Du champ à l'assiette, notre assiette, Marie-Monique Robin centre son enquête sur trois thèmes: les pesticides, l'aspartame et le BPA mieux connu, essentiellement à propos de biberons, sous le nom de Bisphénol A.

Les résidus de pesticides dans notre bouffe, dans l'eau, dans l'air, ça nous concerne tous, quelque effort que nous fassions pour nous nourrir sainement. L'aspartame, vous boycottez peut être tout ce qui se prétend "light"... mais vous n'y échapperez pas. Yen a dans les médocs, surtout ceux pour enfants, encore plus pour nourrissons. Heureux parents qui n'êtes plus obligés de pincer le nez de vos bambins pour leur faire ingurgiter de force l'amertume qui leur fera tant de bien, c'est à l'aspartame que vous le devez. Merci qui? Quant au Bisphénol, vous croyez en être quitte parce que vous avez mis à la poubelle le bib de bébé, remplacé par un bib en verre (cassé trois fois) puis par un bib en plastique garanti sans BPA? Ben non, yen a partout, des BPA, dans les emballages, les revêtements intérieurs des conserves, partout vous dis-je.

Au delà de ces trois produits qui ne sont qu'une partie du problème, c'est tout un système que Marie-Monique Robin décortique. Un système que nous avons vu à l'oeuvre, et ça continue, à propos du Médiator, entre autres. Défaillant et inadapté, ce système qui évalue, contrôle, homologue des milliers de substances toxiques pour nous les faire... avaler?

Ou, au contraire, parfaitement performant, parfaitement adapté... à son objectif? Qui n'est pas celui que vous croyez.

mardi 8 mars 2011

Clara Zetkin

"En août 1910, lors de la deuxième conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, elle propose la création de la « Journée internationale des femmes », une journée de manifestation annuelle afin de militer pour le droit de vote, l'égalité entre les sexes, et le socialisme. Cette initiative est à l'origine de la journée internationale des droits des femmes, manifestation qui se déroule tous les ans le 8 mars."

Merci à Wikipédia, un des rares liens non commerciaux que l'on trouve encore sur Google.

Ce sera ma contribution, modeste et sobre, à tout ce qui va être déversé en ce jour mythique, 99% de scories et de stupidités, mille fois entendre "Journée de LAFÂME", mille fois rectifier (ou pas) journée DES femmes, mille roses, trousses de maquillage, dessous coquins proposés ou achetés. Mille plaisanteries même pas drôles.

Il fait soleil, j'ai une petite rando-jonquilles sur le feu, je vous laisse.

dimanche 6 mars 2011

Trois, deux, un, partez!

Paraît que le beau temps va durer. Tant mieux, parce que ça y est, le coup d'envoi de la saison est donné. Ça fait beau temps que les perce-neige ont fleuri, on en est aux primevères et aux jonquilles. Depuis plusieurs semaines, à chaque période ensoleillée qui me fait rêver au printemps, je descends dans mon jardin. Pas pour y cueillir du romarin, gentil coquelicot, il est encore trop tôt. mais pour voir à quoi ça ressemble, comment ça se présente. Pour graboter ici ou là, pour greliner un peu si la terre est d'accord.

Qu'est ce qui reste à récolter? Deux ou trois panais à mettre dans le pot au feu, quelques choux, des verts et des rouges, des poireaux, ravagés par la fameuse "mineuse" mais bien bons quand même. Simplement, il en faut quatre pour en faire un, tout petits qu'ils sont et ça s'arrange pas après l'épluchage. Saloperie de mineuse, vivement que ses prédateurs naturels s'installent! Ah, j'allais oublier: quelques mâches, des pissenlits bien sûr, et aussi les petites rosettes pourpres d'une chicorée "Rouge de Vérone" semée en fin d'été, disparue sous terre quelques mois après avoir été tondue par le chevreuil et qui a décidé de me faire la surprise de son retour.

Qu'est ce qui sort, tout doucettement, sans se faire trop remarquer? J'ai trois carrés de menthe, de trois espèces différentes. Une dont je me sers quasi quotidiennement en saison: j'en mets partout, dans les sauces au yaourt agrémentées de verdure parfumée, dans les courgettes avec lesquelles elle s'accorde merveilleusement, dans la purée de pommes de terre, eh oui, pourquoi pas, tentez le coup vous me direz. Ce carré là a déjà bonne allure. Pourtant, les herbes indésirables, boutons d'or en particulier, ont pris de l'avance. Mauvais signe, la terre fatigue et la menthe aussi. Car elle pousse dru normalement, et aucune vivace ne parvient à s'y infiltrer, ne parlons pas des annuelles. Il est peut être temps de la changer de place, ma belle épuisante. Pour l'instant, je me contente de désherber très soigneusement et de rajouter une bonne petite couche de compost. Je verrai plus tard, quand la saison sera plus avancée, à lui trouver un autre pré carré. Pas de souci, il suffira de prélever quelques touffes bien racinées, et vogue la menthe.

L'autre menthe (mais est-ce une menthe?) est très brune, avec une odeur tout à fait particulière. Elle vient d'un jardin du Forez et m'a été donnée, sous le nom de "Chartreuse", avec une recette de liqueur: un litre d'alcool, dix à vingt tiges bien feuillues, vingt sucres, quarante jours d'attente avant de filtrer... et de boire en digestif.

La troisième, je l'ai volée dans le Queyras, à la porte d'un gite rural. Mais elle ne prospère guère, sans doute n'ai-je pas trouvé le sol qui lui convient. Ou alors elle regrette sa montagne? En tous cas, elle va bien en tisane.

L'oseille aussi est en train de pointer ses petites oreilles. Encore trop minuscules et collées au sol pour que ça vaille la peine, mais ça vient. Une bonne soupe aux pois cassés et à l'oseille, qu'en diriez-vous? La recette, vous la trouverez dans "Par ici la bonne soupe", éditions Terre Vivante, bien sûr. La douceur du pois cassé tempère merveilleusement l'acidité de l'oseille, qui réveille opportunément la relative fadeur du pois cassé. Prévoyez un temps de cuisson... large, très large, hein? A part la lentille, vite cuite, les légumineuses ont tendance à se faire désirer longtemps. Mais ça vaut la peine, croyez moi.

Mon figuier, dont c'est le second hiver, ne semble pas avoir souffert. L'an dernier, malgré une couverture de feuilles mortes, ses courtes branches avaient encore été raccourcies par le gel. Rien de tel cette année: il a doublé de hauteur, j'ai négligé, un peu volontairement, de le protéger, mais je n'étais pas vraiment inquiète pour lui. Il faut bien qu'il s'endurcisse, non?

Avant hier, j'ai fait mon premier semis: des fèves, c'est une tradition. Aujourd'hui, j'ai semé aussi, mais dedans: tomates, mes quatre préférées, Andines, Auriga, Berao, Crimée. D'habitude, j'achète au marché les plants de choux. Mais je maîtrise mal les variétés, impossible de savoir s'ils seront gros ou petits, tardifs ou précoces, et souvent ils sont en assez mauvais état. C'est résistant, les plants de chou, mais faut pas abuser non plus. Ma récolte de l'an dernier est assez décevante. Alors, j'ai décidé de semer, cette fois. Premier semis en barquette, je repiquerai une première fois en godet avant de mettre en place, on verra bien si je suis meilleure que les maraîchers.

Installation de mes cinq barquettes en pleine lumière, bien au chaud.

J'allais oublier de vous parler pommes de terre. J'ai acheté, à la coop bio, un sac de trois kilos d'amandines. J'en ai mis une partie dans une petite cagette, bien rangées verticalement comme des ptis soldats, une cinquantaine, que j'ai installé dans une annexe de la maison. A la lumière, mais à une température inférieure à 10 degrés. Hors gel, pourtant. Je mettrai le reste à germer un peu plus tard, pour échelonner le travail, c'est pas rien de planter des patates. Et puis je pense que je vais acheter encore, pré-germées, mes deux fétiches: les Rattes et les Belles de Fontenay.

Et puis, en croisant les doigts pour que le beau temps s'installe vraiment, je vais passer la quinzaine qui vient à greliner. La terre est encore un tout petit peu trop humide de la dernière neige (le 27 février, hé? "Neige en février vaut du fumier"). Je l'ai déjà dit? ah bon? Pas sûr!

samedi 5 mars 2011

Fleur de noisette

Les chatons de noisetier, en ce moment, vous ne pouvez pas les manquer, ils strient les haies de longs pointillés jaunes verticaux, et si vous les secouez, un nuage ensoleillé s'en échappe. Le nuage ensoleillé, c'est peut être trop tard, selon l'avancée du printemps chez vous. Chez moi, les perce-neige fanent, les jonquilles sauvages fleurissent et le pollen de noisetier s'est déjà envolé. Mais les longs pointillés qui de jaune virent au brun, ils sont encore mollement suspendus aux branches.

Imaginez vous qu'à mon âge (avancé) et fervente de nature comme je suis, je ne m'étais jamais, ou alors fugitivement, posé la question des fleurs femelles de noisetier. Ben oui, les chatons, c'est le pollen, les fleurs mâles. Les futures noisettes, les fleurs femelles, sont bien quelque part, non?

Le mois dernier, une amie, animatrice nature, m'en parle incidemment, comme si je ne connaissais que ça, pour me dire qu'elles sont apparues. S'étonne de mon ignorance. Me décrit par le menu la petite chose. Aussitôt rentrée, je me précipite vers le noisetier du bout du champ. Eh oui, elles sont bien là. Miraculeusement semblables à la description.

Sur les branches encore nues ornées des fameux chatons, quelques bourgeons. Ovales pointus, bien fermés, des bourgeons, quoi, classiques. Mais quelques uns sont différents: un petit plumet grenat les couronne. À peine un millimètre de long. Ben voilà, c'est ça. Fleur de noisette.

Étonnant, non?

mardi 1 mars 2011

Retour d'ascenseur

A Villeneuve de Berg on parle du Québec. Au Québec, on parle de Villeneuve de Berg. Merci à Basta à qui je dois ce lien.

C'est comme ça que je la vois, la mondialisation!

samedi 26 février 2011

Gaz de schistes, le minimum vital

Vous vous posez des questions sur les gaz de schistes et la fameuse technique de fracturation hydraulique... mais vous n'avez pas envie de vous prendre la tête avec de longs développements, ou même, décervelés par TF1, vous ne parvenez plus à lire des phrases complètes? C'est pas pour me moquer, hein, moi aussi ça m'arrive de regarder des conneries et de sentir mon cerveau se liquéfier.

En quelques clics, un croquis très parlant, quelques minutes de concentration, faut quand même lire un peu les consignes et les explications, vous saurez TOUT ce qu'il faut absolument savoir avant qu'ils ne transforment notre Douce France en meule à gruyère (pardon, je SAIS que le gruyère n'a PAS de trous, mais les expressions toutes faites, c'est bien pratique aux paresseux).

Le site s'appelle OWNI, et vous y trouverez plein d'autres trucs intéressants. Mais pour l'instant, allez juste voir là.

mercredi 16 février 2011

Obsolescence programmée

Les premiers "bas nylon" étaient indestructibles. Une ampoule capable de durer 100.000 heures a été conçue, elle n'a jamais été mise sur le marché. Au contraire, un gros travail de recherche a été fait pour que les ampoules standard ne durent pas plus de 1000 heures, et pour éliminer celles qui en auraient la peu commerciale fantaisie. Vous avez comme moi enragé de devoir mettre en décharge une cafetière dont seul le bouton d'allumage était cassé, ou une débroussailleuse sur laquelle une pièce de quelques centimètres était usée.

Tout ceci, loin d'être fortuit, est or-ga-ni-sé! et même ça porte un beau nom mystérieux: "Obsolescence programmée"

Diffusé hier mardi 15 février à 20H40 sur Arte, le documentaire "Prêt à jeter" sera rediffusé vendredi 18 février à 10H30 et jeudi 24 février à 03H25. Il vous éclairera sur les procédures perverses mises en oeuvre par des escrocs pour nous faire acheter plus, consommer mal, et remplir poubelles et décharges dont nous ne savons plus que faire: les brûler et empoisonner l'air, la terre et l'eau à la dioxine? Les enterrer? Les laisser à l'air libre pourrir visuellement et olfactivement les alentours de nos villes? Notre admirable civilisation mercantile périra enfouie sous ses propres ordures si nous n'y mettons pas le holà.

Si vous manquez la seconde diffusion, n'hésitez pas à faire sonner votre réveil à 3 heures du mat pour la dernière, ça vaut vraiment le coup.

Heureux les insomniaques.

lundi 14 février 2011

Salauds de pauvres!

1980. Nous habitons un petit village d'environ 300 habitants. Notre maison est tout en haut d'un chemin pierreux. Pour y parvenir, nous passons entre deux bâtiments de ferme. Une quasi ruine. Plus de bêtes depuis longtemps, les portes des étables grandes ouvertes sur un fatras de vieux instruments agricoles. La maison en face n'est guère plus réjouissante. Les tôles du toit menacent, au premier coup de vent, de se transformer en rustiques guillotines. Les vitres sont opaques de crasse. D'ailleurs, la moitié d'entre elles sont remplacées par de vieux cartons. Contre la maison, un énorme tas de bouteilles vides. Au début, nous pensons inhabitée cette maison de cauchemar. Mais la boîte aux lettres décatie laisse parfois dépasser du courrier. A la campagne, c'est pas comme en ville où le facteur et les publicitaires peuvent parfois bourrer jusqu'à la gueule la boîte d'un appartement vide. Ici, si le facteur met du courrier, c'est qu'il SAIT qu'il y a quelqu'un. Et il y a quelqu'un en effet.

Un jour que nous passons à pied, un vieux paysan nous invite à entrer. Souci de ne pas blesser un voisin... plus un peu de curiosité, reconnaissons le, nous acceptons. Le dedans est pire que le dehors. Un canapé défoncé couvert de vieilles hardes, une table encombrée de je ne sais trop quoi, des chaises qui menacent de s'effondrer. Nous restons prudemment debout. Sous l'épaisse couche noire qui les couvre, nous finissons par repérer un frigo et une gazinière. Au milieu de la pièce, deux cuvettes... pour les jours de pluie, quand le toit laisse couler ses gouttières à travers le plancher du premier. Les verres qu'on pose devant nous sont comme les vitres: opaques. Une petite gniôle? Maintenant que nous sommes là, comment refuser sans offense? va pour la gniôle, ça désinfecte. Nous apprendrons à connaître nos hôtes (tout le village se fera une joie de nous en dire plus que nous ne voudrions), mais plus d'invitation, hé? merci!

Ce sont deux frères. Derniers rameaux d'une riche famille. "Les plus belles terres d'ici" nous répète avec consternation la dame qui garde nos enfants. Ils ont tout vendu, parcelle par parcelle, et même la maison que nous habitons est construite sur un de leurs anciens terrains. Bradé un jour de soûlerie (tope là, voisin!) comme le prix dérisoire qui figure sur les papiers du notaire le laisse supposer. Le plus jeune porte encore beau, les jours où il se soigne un peu pour descendre en ville. Faut pas le chatouiller, il peut être violent, enfin, de la gueule plutôt, mais il fait peur. Le plus âgé rigole tout le temps, ses dents noires et tordues font peine à voir, il est gentil, un peu collant. Il doit parfois rêver de femmes car un soir il s'incruste chez moi et me serre d'un peu près: "Il est pas là, le patron?". Justement, le "patron" est de garde et ne rentrera pas ce soir, mais il me suffira de hausser un peu le ton pour que le pauvre diable, maté, renonce à ses maigres espérances.

Or depuis peu, le village est en ébullition: la nouvelle municipalité a un projet qui fait jaser dans les chaumières: la construction de logements sociaux! à Trifouillis-les-épines, non mais je rêve? En fait, les jeunes du pays ne trouvent plus à se loger, les vieux aimeraient bien garder près d'eux leurs enfants, finalement le projet ne déplaît pas, sauf pour quelques attardés qui fantasment des barres du genre MInguettes ou La Duchère. Nos charmants voisins sont de ceux là. Un soir, le vieil édenté me fait longuement la conversation. Il s'est placé en travers du chemin, je me laisse poliment accaparer, je souffre en silence. Car il me tient "sous le vent" comme on dit. Et la brise du soir me fait profiter à pleines narines de son odeur puissante, mélange de fumée, d'alcool et de "je ne sais quoi" d'innommable. Il déblatère sur les futures hachélèmes, qu'il imagine déjà énormes et "pleines de bougnoules" dit-il. Avec un grand rire de sa bouche édentée qui achève de m'asphyxier, il lance le mot de la fin: "parce que les bougnoules, hein, ça pue".

Trente ans plus tard, les arguments ont changé. Moins bruts de décoffrage. plus "civilisés", en tous cas dans le mode d'expression. Car pour ce qui est du fond, ça ne varie guère. La petite ville voisine a vertueusement décidé de respecter le quota de 20% de logements sociaux que lui impose la loi, ce qui est bien la moindre des choses, des élus qui décideraient de ne pas respecter la loi, impensable n'est-ce pas? Compte tenu de la situation actuelle, moins pire qu'ailleurs je pense mais pourtant préoccupante, ils vont même demander aux nouvelles constructions prévues de dépasser ce fameux quota. Oulala, mais c'est pas horrible, ça?

Extrait de la prose locale:

"25 ou 30% de logements sociaux à *** va faire de notre ville une ville pauvre, une pauvre ville, et c'est une erreur car faute de pouvoir d'achat notre commerce......au mieux s'adaptera par le bas, au pire disparaîtra !"

Salauds de pauvres, qui tuent le petit commerce en refusant de dépenser l'argent qu'ils n'ont pas!

mardi 18 janvier 2011

Une poule qu'a trouvé un couteau

Euterpe, qui vient parfois commenter sur mon blog (et je visite le sien, je suis effarée du nombre de femmes célèbres inconnues ou méconnues qu'elle fait sortir de l'ombre), me demande de sacrifier à un rite bloguien, le tag. Mouais... C'est difficile, presque impossible pour moi d'écrire sur commande: "çà" vient, ou ça vient pas. Si ça vient, les phrases s'enchaînent toutes seules dans ma tête, et au bout d'un moment, quand je sens que je tiens un bon début, solide et bien planté sur ses quatre pattes, je m'assieds à l'ordi et j'écris. Je corrige très peu, sauf pour finasser, déplacer un morceau de phrase, enlever une répétition, supprimer ce qui me semble trop ceci-cela, emphatique, redondant (j'aime bien ça, mais je me soigne), espacer des paragraphes, et, bien sûr, faire la chasse aux fautes de frappe, d'orthographe, de ponctuation.

Donc, écrire sur commande, pas capable. Je le déplore d'ailleurs, n'allez pas croire que je m'en vante (quoique...).

En plus, le sujet... zavez vu le sujet? Si "la gauche" (???) peut "gagner" (!!!) en 2012. Je le tourne et le retourne, le sujet, je le picore, ça résiste, manifestement ça se mange pas, j'essaie de l'attraper du bec, c'est lourd, ça glisse, ya pas de prise. Une poule qu'a trouvé un couteau. Et tout ça serait parti de Cohn Bendit qui aurait dit... ma foi, je sais plus, et devinez? je m'en fous un peu. Après, yen a qui parlent de DSK. DSK, je m'en fous pas, vous l'avez tous vu et entendu serrer la Tunisie de Ben Ali sur son coeur, et prétendre qu'elle était tellement bien dirigée économiquement qu'elle avait rien à craindre de longtemps. DSK, ce qu'il aime, c'est les pays riches dont la population est pauvre. Et, c'est bien connu, pas de meilleur moyen pour devenir un pays riche que d'appauvrir le peuple. Celui des autres pays de préférence, mais baste, si on a pas la chance d'avoir un autre pays, plusieurs autres pays sous la main botte, alors faut bien se contenter du sien. Ça a des inconvénients, ça oblige à prendre l'avion et à s'expatrier, mais heureusement très rarement, et on peut retrouver à l'étranger un train de vie équivalent, quelques lingots en poche, sans tous les soucis que draine avec lui le pouvoir, bonne affaire. Par ailleurs, DSK, j'ai un compte personnel à régler avec lui.

Pourquoi yen a qui parlent de DSK quand ils se demandent si "la gauche" peut gagner? Je me ballade un peu sur les blogs concernés, et je vois que d'autres parlent de Ségolène Royal, et même de Delanoë. La question serait donc non pas si "la gauche" peut gagner mais si le parti socialiste peut gagner. Et s'il peut gagner... les élections. Ah, mais, ça change tout ça! il s'agit d'élections! Les élections... ben je m'en fous aussi. Je continue assidûment à voter, comme je baisse la voix quand j'entre dans une église, pour pas trop contrarier mes voisins. Vous voulez que je vous dise? C'est truqué les élections. Tout ce qu'ils nous demandent de choisir, c'est la sauce à laquelle on sera bouffés, pour eux on est que des oies. Tiens, un exemple: pourquoi, dans une élection législative, ya des triangulaires alors qu'il yen a pas dans les présidentielles? S'il y avait eu des triangulaires en 2002, Jospin aurait peut-être bien été élu, non? Et je parie que ceux qui ne suivaient pas bien (yen a, et pas mal) avaient pas vraiment compris, vu que les journalistes leur parlaient tout le temps du "troisième homme", qu'il y en aurait que deux au final. Même sur le podium aux Jeux Olympiques, ya trois places.

Mais oui, je fais un peu l'idiote. Je vais essayer d'être sérieuse sur un sujet qui ne l'est pas. La gauche, c'est quoi? J'ose plus utiliser ce mot, tellement il a été traîné dans toutes les boues, faut vraiment le prendre entre le pouce et l'index, le faire tremper, le frotter à la brosse chiendent, et c'est pas sûr qu'on réussira à le "ravoir", comme disaient autrefois les bonnes ménagères d'une tache qu'elles craignaient indélébile. Donc, si je réussis à peu près à comprendre ce que les autres entendent par "gauche" en creusant un peu le contexte, c'est un mot que je n'utilise plus personnellement.

Et gagner? Gagner... en 2012! Mais gagner QUOI? On en parle comme de gagner un match, ou de gagner au loto. Un jour, comme ça, on se lève le matin et c'est pas gagné. Et le soir, on boit du champagne et on a gagné. Ou on a perdu et on pleure dans son verre. Et on attend 2017. On f'ra mieux la prochaine fois, on va changer d'entraîneur (l'était pourri, le Raymond), on va mettre les joueurs au piquet (mangeaient hallal, ces salauds là, comment veux tu gagner un match en bouffant hallal?), on va croiser les doigts en achetant ses billets de loto.

Vous savez quoi? j'ai pas envie d'attendre 2017, ni même 2012. J'ai envie de vivre, là, maintenant, tout de suite. J'ai envie de commencer à le construire, le monde dans lequel je voudrais vivre. C'est pour ça que je cultive mon jardin. Si j'en crois Pierre Rabhi, "Cultiver son jardin est un acte politique". Je cultive le mien, au sens propre, mais aussi au sens figuré. Je me cultive moi-même, en essayant de comprendre quelque chose à ce foutu monde, en essayant de réfléchir à comment le changer. Je cultive l'amour et l'amitié, j'échange des idées, des réflexions, dans le monde réel comme dans le virtuel, pas si virtuel que ça d'ailleurs. J'ai une petite idée de comment il serait, ce monde là. Egalitaire et généreux. Entre NOS mains. Vous aussi? C'est un bon début. On en reparlera dans un autre billet (peut-être).

Par contre, j'ai, pour l'instant, aucune idée de "comment" y arriver. Mais, je vous le dis, on y arrivera certainement pas en se creusant la tête pour aider nos politicaillons à mieux parler au peuple pour lui faire avaler des couleuvres. En 2012.

vendredi 14 janvier 2011

France, terre d'asile....

... des dictateurs? Eh ben non, finalement.

lundi 10 janvier 2011

Ne laissons pas attaquer la revue "Prescrire"

Je vous ai déjà parlé, ici ou , et encore de la revue Prescrire. Elle vient d'acquérir, suite au scandale du Médiator, une réputation méritée dans le grand public. Cette réputation de sérieux, elle l'avait déjà, mais jusque-là de manière plutôt confidentielle. Elle est accessible sur abonnement aux médecins, et les médecins qui font l'effort de l'acheter et de la lire ne sont pas si nombreux que ça. C'est pourtant une quasi encyclopédie, d'une fiabilité peu ordinaire. Quelques articles sont en accès libre sur son site.

Elle coûte cher, pas difficile de comprendre pourquoi: d'une part, elle fait appel à de nombreux experts médicaux dont elle vérifie qu'ils ne sont pas porteurs de conflits d'intérêts (par exemple qu'ils ne sont pas employés par ailleurs par les laboratoires dont ils auraient à évaluer les produits, ce qui, quoique inadmissible et porteur de graves dérives, n'est pas si rare notamment dans les agences de surveillance sanitaire). Par ailleurs, elle est exempte de TOUTE publicité, ce qui est bien la moindre des choses. Comment évaluer correctement une spécialité pharmaceutique dont on fait par ailleurs la publicité et dont on dépend donc financièrement? Mais ça aussi, ça coûte cher, puisque les autres revues médicales sont gavées de ces pubs qui leur interdisent toute critique un tant soit peu sérieuse, et peuvent ainsi se distribuer à des prix bradés, voire même gratuitement.

Jusque-là, les labos stigmatisés par leur petit bonhomme (un cousin du bonhomme de Télérama qui vous indique les films à éviter et ceux à ne manquer sous aucun prétexte) se gardaient bien de moufter. "D'abord, ils vous ignorent" disait Gandhi. A quoi bon attirer l'attention sur une critique dont la diffusion est tellement restreinte que même les médecins sont peu nombreux à y avoir accès? Or, les récentes mentions de la revue dans les médias dominants, journaux nationaux et même télévision ont changé la donne. Prescrire commence à être connu. Donc à être, potentiellement, plus dangereux qu'auparavant. Jusque là, c'était "la voix qui crie dans le désert", et qui mettait de longues années avant d'obtenir le retrait de tel médicament dangereux, quand elle y arrivait. Le fait d'accéder à une renommée auprès du grand public en fait un interlocuteur incontournable, les agences chargées de notre protection (pffff...) ne pourront plus que difficilement ignorer ses avis.

La première attaque publique vient d'avoir lieu (merci Rezo.net, le Portail des Copains). La technique d'étouffement des "Lanceurs d'Alerte" sous les procès est bien connue. Le pot de fer attaque, peu importe qu'il gagne ou perde. Il a les moyens de payer, il a les moyens de tenir, il a les moyens de s'acharner. Comme pour Denis Robert, comme dans "L'argent de la vieille", celui qui tient le plus longtemps parce qu'il a le fric, celui-là gagne toujours, qu'il ait pour lui ou contre lui le droit ou la chance, peu importe, il tient, il reste.

Le médicament qui est l'objet de ce combat, c'est le Protopic°. Ça, c'est son pseudo, pour aller dans le grand monde. En privé, il porte le doux nom, peu commercial il est vrai, de "tacrolimus". Ici, faut que je vous explique la différence entre molécule de base et marque déposée. Prescrire, entre autres combats (et ya de quoi faire) insiste auprès des médecins et autres professionnels pour qu'ils utilisent plus systématiquement le nom de la molécule à la place du nom commercial. Pour éviter les confusions notamment. Le médicament que vous ingurgitez a ainsi deux noms: celui de l'état civil, le générique, celui qui désigne sans confusion possible la molécule, le principe actif. Et un pseudo commercial, qui peut varier selon les pays entre autres. Faut que ça sonne bien, un pseudo, et puis ça peut permettre de noyer un peu le poisson: en cas d'interdiction dans un pays, les cobayes que nous sommes ne feront pas facilement le lien, et nous ingurgitons dans notre belle France de nombreuses spécialités qui sont, sous d'autres noms, interdites depuis plusieurs années (c'était le cas du Médiator°) en Espagne, aux USA, et ailleurs. Soyons honnêtes, ça joue aussi dans l'autre sens, la thalidomide, de sinistre mémoire, aujourd'hui strictement interdite aux femmes enceintes, n'avait pas fait de victimes en France, n'y étant pas (encore?) autorisée.

Les laboratoires Astellas Pharma accusent donc Prescrire de "dénigrement". Et, en effet, Prescrire n'est pas gentil avec leur charmant tacrolimus alias Protopic° Dès 2003, la revue écrit en effet: "Trop d'inconnues pour utiliser cet immunodépresseur par voie cutanée". Prescrire est toujours mesuré et prudent dans ses avis. "Trop d'inconnues" est une expression à prendre chez eux très au sérieux. En 2004, Prescrire revient à la charge, indirectement, à propos du tacrolimus dermique "Quand les agences du médicament ne remplissent pas correctement leur mission de concourir à l'amélioration de la prise en charge des patients, c'est rendre service aux patients et à la collectivité que de le signaler publiquement". Ouh là, moi, j'aurais pas aimé. Pas gentil pour le labo, pas gentil pour les agences. Mais bon, apparemment, personne s'offusque.

En 2007, Prescrire enfonce le clou, toujours à propos du tacrolimus: "Les immunodépresseurs en pommade présentent une balance bénéfices-risques défavorable avec notamment un risque de cancers de la peau. Mieux vaut ne pas les utiliser".. "Risque de cancers de la peau". Alors là, ami lecteur, t'as enfin compris. "Balance bénéfice/risques", "ne remplissent pas correctement leur mission", "trop d'inconnues", bah, te fallait un dictionnaire. Là, non, tout le monde comprend beaucoup plus vite. C'est vrai que risquer un cancer de la peau pour soigner une crise d'eczéma, même importante, c'est un peu ballot, non? C'est ça que ça veut dire "balance bénéfice/risque": tout médoc a, potentiellement, des effets secondaires non désirés, parfois graves. la balance s'effectue alors entre la gravité et la fréquence de ses effets indésirables, et la gravité de la pathologie à soigner. Et bien sûr, l'existence par ailleurs d'autre méthodes de soin moins dangereuses. Vous risqueriez pas la mort ou "simplement" une atteinte cardiaque pour perdre quelques kilos, même pas pour soigner un diabète... sauf si on avait soigneusement négligé de vous mettre au courant, n'est-ce pas?

Or, non seulement Protopic est toujours sur le marché, mais en 2009, ses indications sont élargies à la prévention (mouarffff!). Ce qui met le petit bonhomme Prescrire très en colère. Il crie "Pas d'accord!", le petit bonhomme, exactement comme son cousin Télérama crie "Ah non!" devant un porno sado-maso imbécile et de mauvaise qualité. Et il rajoute, au cas où on serait dur de la feuille, un fameux coup de pied avec une gélule au bout. Parce que lui, il a des pieds, contrairement au cousin Télérama qui doit de contenter d'une grimace.

Donc, le labo, pas content, attaque en justice. Et comme je l'ai précisé plus haut, même s'il ne gagne pas, il atteint son but, il pompe le fric et l'énergie d'une revue qui a pourtant beaucoup d'autres labos (et agences) à fouetter. Par ailleurs, une campagne de dénigrement modérée et discrète se met tout doucement en place, tapie derrière les éloges: on parle dédaigneusement de site ringard, on sort le mot "ayatollah", on prétend "nuancer" leurs propos, alors qu'ils sont, justement, toujours très nuancés... quand il y a matière à nuance, bien sûr.

Amis lecteurs, je ne suis qu'une toute petite blogueuse jardinière, avec une audience microscopique. Mais parmi vous, il y a des blogueurs, je crois, nettement plus "influents". Ne laissez pas la revue Prescrire se faire étriller par un méchant. Ne laissons pas les "lanceurs d'alerte" en général payer au prix fort leurs audaces d'utilité publique. Faites passer!

jeudi 6 janvier 2011

Enfants égarés

En écho avec le billet d'Agnès, me reviennent plein de souvenirs du même genre. Et un, en particulier, où il n'y avait pourtant aucun couac.

Mon fils de 5 ans fréquentait un centre de loisirs d'entreprise. Un bus les emmenait hors de la ville, puis les ramenait à la fin de la journée. On pouvait les récupérer soit à l'arrivée du bus, soit plus tard dans un local où les animateurs les gardaient en attendant l'arrivée des parents. La première fois que je suis venue le chercher dans ce local au lieu d'être présente à la descente du bus, mon petit bonhomme m'a regardée avec de grands yeux:

"Comment tu as fait pour me retrouver?"

Gloups! depuis une heure, mon gamin pense que je n'ai aucun moyen de savoir où il est et qu'il ne me reverra plus!

mardi 4 janvier 2011

Les jardiniers argentins

Après des "vacances" joyeuses et bien remplies (comme la maison), le vide et la tranquillité se sont installés. Ça a son charme aussi, hein. Je suis une adepte fidèle du "ne rien faire", surtout en hiver. Rien, même pas à manger, car la diète s'impose après le gavage, on n'est pas des oies!

Alors, je vais vous refaire le coup de la flemme: voilà l'article que j'aurais aimé écrire

mardi 21 décembre 2010

Allaiter? Je veux pas!

Vous avez décidé de ne pas allaiter votre enfant, vous avez vos raisons pour ça, rien à dire. Un médicament va vous aider. la montée de lait, ça peut faire mal, on n'aime pas avoir mal. On va vous prescrire, en prévention des possibles inconvénients, une molécule, la bromocriptine. Plus connue sous son nom de marque, le Parlodel°.

Vous ignorez, bien sûr, ce n'est pas à vous de la savoir, que ce médicament est incriminé dans des accidents de santé rares, mais potentiellement graves. La possibilité d'un choc de type "collapsus", dont la fréquence, difficile à estimer, pourrait se produire dans un cas sur 500, est évoquée dans la revue Prescrire dès février 1981.

Je vous passe tous les articles intermédiaires, ça finirait par vous ennuyer. Le Parlodel continue pourtant à être utilisé largement dans de nombreuses maternités, ainsi que d'autres marques de la même molécule ou des molécules voisines et tout aussi préoccupantes: on signale "un nombre important d’effets indésirables graves voire mortels, notamment cardiovasculaires et neurologiques".

Bon (non, pas bon du tout!).

D'autant que l'article (Prescrire, Novembre 2010) souligne que l’absence d’allaitement, sans autre intervention, occasionne rarement des complications sérieuses.Quand des douleurs (40 % des femmes) ou une inflammation des seins (10 % des femmes) surviennent, le paracétamol et des moyens non médicamenteux suffisent en général à soulager.

Dans un article en libre accès sur la question de la pharmacovigilance, la même revue Prescrire vous donne un conseil de bon sens: "... toujours penser en termes de balance bénéfices-risques (...) : pourquoi prendre le moindre risque quand il n'y aucun bénéfice tangible démontré?

jeudi 16 décembre 2010

Des livres comme boucliers

Hier, mon homme est rentré très en retard, de nuit et à pied. La bagnole avait refusé ses services quelques kilomètres plus bas... La réponse au traditionnel "ça va?" lancé en entendant la porte d'entrée se refermer, la réponse était "non". On a deux voitures. Décroissance verte ou pas, difficile de survivre à la campagne sans voiture ou même avec une seule. Donc ce matin... quelques minutes après s'être refermée, la porte se rouvre: la seconde voiture ne démarre pas. Héhé! les joies de l'hiver rural...

Heureusement, à la campagne, ya des pentes. Donc pousser la bagnole dans le froid, glisser sur la neige gelée, pousser encore, braquer, pousser, retenir, pousser (on dirait un accouchement), arriver en haut d'une pente (si on échoue à démarrer, c'est un cul de sac, croisons les doigts), laisser prendre de la vitesse, embrayer en seconde, vroum vroum, faire demi tour, bonne chance au héros qui part dans le froid tandis que je retourne me mettre au chaud. Ni courses, ni rendez-vous puisque j'ai plus de bagnole, une journée à buller devant l'ordi.

Rien à voir avec ce qui précède, je tombe alors sur cette info réjouissante: en Italie et en Angleterre, ils se font des boucliers de carton, dans les manifs, avec ... des couvertures de livres. Je gage que c'est une idée qui va prendre. Toute la culture européenne pour nous protéger, symboliquement, de la barbarie-robocop?

A suivre.

samedi 11 décembre 2010

Des manifs et des femmes

C'est une affiche dans une manif. Un dessin assez élaboré. Au milieu, une femme. Derrière elle, un évier plein de vaisselle. Sale, on imagine. A ses pieds, un énorme tas de linge. Sale, on suppose. Un gamin accroché à ses jupes (ou à son pantalon, peut être bien, on est à l'époque où la jupe n'est pas redevenue un must féministe. Sur les bras, un autre marmot, bien calé sur son gros ventre dans lequel on en devine un troisième, pas tout à fait mûr mais presque. Comme elle a les deux mains prises (une casserole dans celle qui tient pas le bébé?) elle a coincé le téléphone entre le menton et l'épaule, ça lui donne un air accablé, genre "La repasseuse" de Picasso. Elle dit "non.... non.... il est pas là..... non.... il est à une manifestation en faveur des peuples opprimés".

On est en 1973 je pense. Je suis "montée à Paris" Pour une manif du MLF. On a plus ou moins co-voituré avec des copains qui eux, se rendaient à un truc militant, des cadres de chéplukel groupuscule. On se retrouve dans un café. Je raconte la pancarte, je la trouve excellente, j'ai pas mal de copines, femmes de militants, qui se font copieusement marcher dessus sous prétexte de révolution. Le mec qui me répond, c'est un pur. Je vous dirai pas comment il a évolué depuis, je suis pas sûre, c'est des racontars de bonne femme, peut-être. En tous cas, il est pas content, mon affiche culte, ça le fait pas rigoler du tout.

"Ah, mais, ça dépend!" Le ton est hautain, docte. Supérieur.

"ÇA DÉPEND S'IL EST ALLÉ À LA MANIF POUR SON PLAISIR.... OU PAR DEVOIR RÉVOLUTIONNAIRE"

mardi 7 décembre 2010

La terre ne ment pas (les banques, si!)

Si vous avez plein de sous (à la banque) pas facile de tout retirer en liquide: Yaura des délais, des embrouilles. Et après, que faire de tout ça? Sous le matelas, à l'ancienne? Entre des piles de draps parfumés à la lavande? J'ai connu un copain qui avait ce genre de principe, pas un sou à la banque, ni à la caisse d'épargne. C'était à l'époque où on recevait encore sa paie en liquide, héhé! Le dernier jour du mois, un mec des bureaux passait avec sa petite caisse accrochée autour du cou, comme une ouvreuse de cinéma (bonbons, caramels...) mais ça aussi ça a disparu. Aujourd'hui, même pour toucher un RSA faut un RIB. Et essayez donc de payer votre loyer, votre facture d'eau ou d'électricité avec du liquide. Essayez donc de mettre de la gazoline dans votre bagnole sans CB à partir d'une certaine heure le soir.

Si vous avez pas de sous, ben, vous le faites déjà: en début de mois, pffft, plus un rond. Quelques billets dans des enveloppes (comme l'enseignaient les assistantes sociales de jadis) pour être sûrs de bouffer jusqu'à la fin du mois. Vous pouvez même pas retirer votre découvert, comme vous le conseillent les humoristes. Si vous êtes vraiment pauvres, vous faites pas de découvert, vous avez pas les moyens. Si vous arrivez pas à vous en empêcher, bah vous êtes mal, très mal.

"A celui qui n'a rien, on ôtera même ce qu'il n'a pas".

Ce que je trouve intéressant, dans la proposition de notre ami Cantona, c'est la profusion et la variété des débats qu'elle suscite, et la prise de conscience qu'elle nous impose de notre extrême dépendance aux banques. A mon tour, je vous propose deux idées qui, à défaut de ruiner les banques (mouarff...) pourraient provoquer quelques ... clapotis:

J'ai trouvé un site qui permet de prolonger cette réflexion. Changer de banque pour une moins pire, en vlà une bonne idée, faire jouer la concurrence sur autre chose que le fric, s'assurer que vos économies ne servent pas à alimenter des fabriques de mines anti-personnel, des industries du poison et de la destruction ou autres saloperies.

Sinon, vous pouvez "passer à l'action" (devenir actionnaire, héhé!) avec Terre de Liens: actionnaire symbolique, une action de 100 euros, si vous avez un peu de sous, ou plus si vous êtes assez riche pour payer des impôts et profiter ainsi d'une "niche fiscale". Le retour à la terre, quoi.

lundi 6 décembre 2010

Le roi est nu

Apprend-il quelque chose à quelqu'un, le petit garçon du conte d'Andersen qui fait cette constatation décisive? Bah, non, ils le savent tous, que le roi est nu. Simplement, personne ne doit le dire, pour que tout le monde puisse continuer à faire semblant.

Étonnant paradoxe d'entendre, à propos de Wikileaks, les mêmes déclarer que ça n'apporte rien de neuf et que c'est scandaleusement dangereux. Et pas seulement déclarer, chercher à prendre des mesures, légales ou pas, honnêtes ou non pour faire cesser ce dangereux scandale. Chacun dans son domaine, ils sont nombreux à connaître la nudité du roi, de ce roi là ou d'un autre, elles sont variées les incarnations du roi d'Andersen. Imaginons que tous se mettent à dire ce qu'ils savent? Les labos, les usines chimiques, les banques, les monstres de la consommation, les éditeurs agglomérés avec les marchands d'armes. Tout ça fonctionne parce que des gens, ordinaires et honnêtes pour certains, y travaillent en essayant de garder étanche la cloison entre leurs états d'âme et leur boulot. Imaginons que ces gens...

Bon, je crois qu'ils ont très bien imaginé, les rois nus de ce monde. Ils en savent plus que nous sur ce qui pourrait être révélé, et ils ont, malheureusement, les moyens d'y parer. N'empêche qu'ils ont peur!

Étonnant, non? Comme aurait dit le regretté Monsieur Cyclopède.

jeudi 2 décembre 2010

Parole de femme

Chaminou commente chez moi, je vais voir chez elle. et je tombe, entre autres, sur une très vieille connaissance: le bouquin d'Annie Leclerc, "Parole de femme". Quoique je n'aie plus ouvert ce livre depuis de nombreuses années, je sais exactement, d'instinct, où le retrouver. Si ça ne vous paraît pas miraculeux, c'est parce que vous ne connaissez pas ma manière de (ne pas) ranger mes livres: je les sors, je les (re)lis... ou pas, je les laisse traîner ici ou là, puis un jour je fais un gros paquet, de la place sur une étagère en recasant là où ya des trous et basta.

Donc, Annie Leclerc. "C'est une parole si neuve..." écrit-elle dès la première page. C'était en effet une parole bien neuve. Après des années de féminisme désincarné (puisqu'on nous tient par l'utérus, exit l'utérus!), voilà qu'une femme découvrait, revendiquait avoir un corps. Parler de son corps. Ne pas dissocier son corps de sa parole.

Malgré (à cause de?) l'éblouissement que fut son bouquin, j'ai oublié Annie Leclerc. L'article de "Périphéries" me parle d'une inconnue. Pourtant, quelque chose me convient très bien: à propos de "Parole de femme", Mona Cholet parle d'un "pas de côté"

Bon, je vais relire tout ça, non? Merci Chaminou.

lundi 29 novembre 2010

Froufrou, froufrou

Froufrou, froufrou, Par son jupon la fââââme, Froufrou, froufrou, De l'homme trouble l'ââââme

Elle date de 1908, quand même, cette charmante chanson, j'espère que vous aurez du plaisir à la réécouter, toute une époque.

Je n'ai pas porté de jupe le 25 novembre, je fais partie de la génération à qui le pantalon était interdit, je me rattrape, surtout l'hiver. Mon lycée, lycée de filles comme il se doit (quoique public, héhé), interdisait les pantalons. Mais, par un souci humanitaire qui l'honorait, les tolérait "à condition qu'ils soient de couleur sombre et de coupe classique" pour celles qui venaient de loin à bicyclette. C'était mon cas, cinq kilomètres et les genoux bleus à l'arrivée. Ouf!

Certaines en abusaient, de cette tolérance, elles habitaient à deux pas du lycée et auraient bien pu se geler les miches cinq minutes, nanmého? Yavait même des rebelles, des insolentes. A la surgé qui l'interpellait "Mademoiselle, les pantalons sont interdits au lycée!" une de ces résistantes avait répondu d'une voix gouailleuse, avec un accent parigot très chic dans cette province profonde:

"Ben j'fais quoi, m'dame? J'le quitte?".

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